Bienvenue dans le monde à part d’Elser. Puis je faire meilleur compliment à un groupe que de lui dire que son monde est à part ? Je ne pense pas. Originaire de Toulouse, ville plus qu’importante dans le rock souterrain français, Elser lui ne fait pas dans le rock, il fait dans l’Ester. Une forme de jazz éthéré qui se serait perdu dans la Black Lodge de Twin Peaks. Entre français et anglais, le groupe applique une distanciation verbale, faisant des mots des êtres à la plastique mouvante, pouvant se jouer des chausses trap d’un jazz savamment ensauvagé, subtilement désentravé de son corset. Il en ressort un EP qui doit autant à « L’Imprudence » qu’à une sorte de spleen velvetien qui se serait débarrassé de sa nervosité pour une plongée dans des entrelacs percés par une Bjork inspirée. On ne sort pas indemne de cette écoute qui n’autorise aucune baisse d’attention, au risque de rater l’envol d’un songe d’une fulgurance, d’un moment intense, mais pourtant avare en démonstration. Un moment Elser. Disque prenant, d’héros ordinaires.