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Quand il s’agira de dresser un arbre généalogique de la musique d’ici (la souterraine, pas forcément celle des zones commerciales) Gaël Desbois aura une place à part et importante, tant son travail aura traversé les vingt dernières années, influenceur dans l’ombre, à la tête de quelques albums importants (Del Cielo dans mon top ten ad vitam).

Avec Chasseur il creuse encore plus profond un sillon que l’on pouvait penser aussi inerte qu’une terre tuée par un labour industriel institutionnalisé. Après « Crimson King » dont nous ne ferons jamais le deuil de ne pas en avoir parlé aussi bien que nous pouvions, « Je Vous Attends » est lui tourné vers l’espoir, celui de retrouver deux enfants adoptés à Kinshasa. Toujours épaulé par l’écrivaine Nathalie Burel pour la moitié des textes de l’album (on notera d’ailleurs que la force de la thématique du disque fait fusionner les deux écritures.), « Je Vous Attends » avait était introduit par un éclaireur qui en disait déjà beaucoup de ce qui allait nous arriver, « La Saison des Pluies » qui donnait le coup de semonce, un orage sur cette pensée brune devenue malheureusement dominante.

Musicalement, c’est un mélange d’électro rock qui prendrait sa source dans les différents bras de mer d’un Depeche Mode monumental, de rythmiques pêchées dans le fleuve Congo et dans l’outre-tombe sépulcrale d’un Bashung baignant dans un lac remplis de mauvaises graines à la vitalité redonnant de la vie, de l’espoir.

Disque humaniste dans ce que le mot a de plus fort, ne gommant pas les nouvelles difficultés d’un voyage vers d’autres rives (« L’idiotie millénaire, Me fera toujours être l’autre » sur « Contrôlé »). Comment ne pas fondre en entendant « Je manque de Vous » sur « Je vous Attends », donnant à la martialité de la musique un côté danse de l’espoir.

Comme un documentaire d’une attente insoutenable (« Qui Peut Tenir Autant » sur « l’Avenir ») l’album est éclairé par l’espoir celui de finir par danser ensemble (On Partira) piétinant joyeusement les rêves impossibles, pour laisser des lucioles s’en extirper pour éclairer les canyons immergés (Un Jour)

Chasseur visait les sons, il marchait vers eux, il devient cueilleur des sentiments profonds d’une histoire qui prouve que les racines sous nos pieds se rejoignent toutes. Gaël Desbois vise juste dans un disque qui sans jamais quitter une forme narrative impressionnante, nous invite à une réflexion dénuée d’angélisme, mais emplie d’humanisme. Venez vers lui, il vous attend.