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Autre participant à une de nos compilations, Orouni publie enfin un premier album après des démos prometteuses. Première constatation, le maitre des lieux aime à ce que les paroles soient audibles et aime à ce qu’elles soient intelligibles. Seul ou en duo, Orouni cultive un onirisme fréquentable, celui d’un enfant en pantalon en velours, les genoux usés des batailles de chevaliers à quatre pates sur le tapis du salon. Onirisme, mais aussi mélancolie. Mais que serait ces deux états sans une écriture et de délicats arrangements qui feraient pour certains passer libération de la Divine Comedy pour un disque sourd. Mais Orouni n’est pas ancré dans la pop anglaise, il a largué les amarres dans l’Atlantique, et plongé pour trouver le check point dans lequel les douaniers du folk et de la musique américaine boivent des bières avec des agents british qui ne s’endorment pas sans avoir regardés au moins un épisode de chapeau melon et bottes de cuir. Sur cette frontière pas aussi virtuelle que cela, Orouni a érigé son campement, trouvant dans la culture des troubadours une attitude pour mêler tout cela. On retiendra donc l’entrée en fanfare « panic at the beehive »/ « a story of ladder »/ « a greased & golden palm », avertissant au passage que parfois les douaniers américains, ayant trop picolé, pouvaient laisser passer des titres comme « the only pictures i’ve got », le rire de bill Callaghan de faire passer sa potion tragique. Disque magnifique, ce premier album d’Orouni souffre d’une beauté qui ne se trouve pas d’aide par un ailleurs, un disque pas rose. Mettons-nous tous à quatre pates par terre et jouons à n’en plus finir avec ses chansons à vivre et à jouer. Jouissif et tendre.