C’est étrange mais nous passons pas mal de notre temps à essayer de mettre des mots sur des sons, des albums entiers sans la moindre syllabe, la moindre lettre, tout le discours tenant dans la friction des sons. Chez Projet SI, il y a des sons, ils sont vitaux ils sont le pouls ceux qui amènent la rythmique, mais aussi qui soulignent l’atmosphère quand celle-ci nécessite d’être appuyée. Mais comme chez Programme ou chez Robert le magnifique Projet SI donne à la poésie la possibilité de s’évader de chez Lagarde et Michard, quitte à préférer la moiteur d’une cave à la splendeur d’une salle de lecture tout en bois. « nation apache » est donc un disque de mots, mais pas seulement car que serait « sous l’écorce » sans ses scratchs cinglant, que serait « les fuyards » sans les guitares ? A l’heure de la rentrée littéraire pour la fête des mots (ou la défaite) si on a(n)gonise un disque cultive ceux-ci avec une précision d’horloger dans un territoire aride.