En japonais, age-otori (上げ劣り) désigne cette impression étrange que l’on a quand, sortant d’un salon de coiffure, l’on se sent moins bien qu’en entrant. Peut-être parce que la coupe de cheveux est ratée, mais aussi parce que, momentanément, nous sommes devenus un autre, une version moche de nous-même, avec laquelle il faudra se rabibocher. Formé en 2021, le quatuor piémontais Age Otori a pris le temps de se roder (scènes partagées avec Ovo, Dirty Sound Magnet et Lleroy ; participation au Freakout Festival) avant de se lancer dans la conception de leur premier EP, enregistré au Ciabòt Recordings Studio par Francesco Martinat. En quatre morceaux et un peu plus de dix minutes, Alberto Laezza (chant, guitare, synthétiseur), Samuele Chiesa (guitare, chœurs), Simone Calvo (basse) et Lorenzo Meneghetti (batterie, percussions, samples) font preuve d’une belle énergie, puisant dans la new wave (les motifs de guitares répétitifs, infusés de delay et de chorus, très Cure sur Humdrum ; le beat touchy de Neon Lights), le shoegaze (le chant parfois nimbé de réverbération, l’intro de Surfing The Air), le grunge (la basse ultra linéaire de X) et le post-punk (petit côté The Strokes mâtiné de Silversun Pickups sur Neon Lights). Plus étrange, l’arrière-goût très graphique de l’ensemble, que l’on verrait bien illustrer un teen movie (mettant en scène des adolescents attardés, gel dans les cheveux et nu metal en fond sonore) ou un animé (アニメ) échevelé, du genre qui faute de s’en tenir à une ligne directrice part dans tous les sens. Les Italiens d’Age Otori sont prometteurs et leur louable premier EP bourré de bonnes intentions, on est curieux d’écouter la suite.