Après Almost The End, sorti en janvier dernier, le prolifique Triboulois récidive et publie cette année un second album instrumental sur le label francilien Lotophagus Records, basé à Achères et maison mère de Coppergear, Jordane Prestot et Lost Myths – tout en continuant de mettre en ligne sur sa page Bandcamp pléthore de morceaux électro pop et atmosphériques, sur lesquels il pose un phrasé distancié, sobre et émouvant, donnant vie à ses propres textes, mais également à ceux de poètes amis, tels que Yan Kouton, Natacha Banaix, Alain Marciano et Cédric Merland (que l’on croisera au détour de l’opus Quel est ton monde ?), tout en s’exerçant, sur le EP 4 Covers, à l’art délicat de la reprise (Dominique A, Gilbert Bécaud, Daniel Darc, etc.) : en 2024, le résident de Saint-Denis-en-Val fait feu de tout bois. Masterisées par Gilles Martin, les six pistes de Chaos paraissent plus sombres qu’à l’accoutumée, nous plongeant dans un bien mélancolique mood interstellaire, rappelant le travail de Vangelis ou du compositeur John Murphy sur le mésestimé Sunshine de Danny Boyle. Beat lancinant sur Nightmare, ondes synthétiques planant comme des volutes de poussière d’étoile (Odyssée), nocturne urbaine à la Blade Runner (Intraveineuse), ballet krautrock désarticulé (Robots) et lente ballade aérienne aux accents lounge (La disparition), Chaos se fait la cartographie sensible, affective et hautement cinématographique d’un artiste en mouvement perpétuel, à l’image des paysages mentaux qu’il dessine avec talent.