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Après sept ans d’absence et de bien malicieuses / savamment entretenues spéculations autour de leur éventuelle séparation, le quatuor Explosions in the Sky dégaine un septième album (récurrence, oui, d’autant plus que ce disque comporte sept morceaux), dont le titre taquin (End) ne présume en rien d’une cessation d’activité imminente, sauf à faire mentir le conclusif It’s Never Going To Stop.

J’évoquais récemment, dans une chronique consacrée à Slowdive, la prime à l’obstination et à la constance qui avait permis à un tel groupe, à priori anecdotique, de trôner au sommet de la chaîne alimentaire du shoegazing : à mon sens, il en va de même pour Explosions in the Sky qui, à la grande époque du post-rock, passait loin derrière Mogwai, Godspeed You ! Black Emperor et Mono, nonobstant les inénarrables frissons causés par l’OST de la (fabuleuse) série américaine Friday Night Lights.

Pour ma part, particulièrement friand d’un genre balisé fait de lentes montées et de climax éclatants, où toujours les guitares mélancoliques, sur fond de roulements de batteries et de lourdes lignes de basse, tirent leur épingle du jeu, j’ai – comme disent les millenials – poncé l’œuvre des tenaces Texans, qui surent à leur manière accompagner les soirées pluvieuses d’une existence à géométrie variable. Et donc, avant même d’écouter End, je savais déjà que j’allais beaucoup l’aimer, parce que dans mes veines, au gré d’impasses existentielles et de fausses pistes intellectuelles, coulerait le mercure de patientes ascensions vers les sommets, où chaque seconde en apesanteur serait une seconde gagnée sur la mort. Le voyageur contemplant une mer de nuages, Caspar David Friedrich, vous voyez le genre.

Ouais, bah non.

Les claviers sont peu inspirés, mélodies pauvres et traitement sonore cheap, la batterie en fait trop, écrasant régulièrement sous ses sabots en métal un mixage paresseux, et le groupe, peut-être trop sûr de sa force et de l’absence de concurrence, a mis le pilote automatique, direction le Rancho Relaxo : Peace Or Quiet, les deux mon capitaine ! Alors certes, ici et là, ça plane ou ça bastonne, mais sans conviction, et j’ai beau me frotter les oreilles, je ne retrouve pas la magie des premiers albums, qui – humbles – avançaient leurs majestueux atours avec une simplicité qui justement en faisaient la force. A y réfléchir un peu sérieusement, face à un tel manque d’inspiration et de pertinence, le titre du dernier album de Explosions in the Sky mériterait d’être prophétique.