> Critiques > Labellisés



Ce n’est pas très glorieux, mais avant de me lancer frontalement dans l’écriture de cette chronique, j’ai sondé autour de moi, voulant voir si ce que je pensais n’aller pas passer pour de la provocation afin de faire monter l’audimat du site. Car en lisant les chroniques anglo-saxonnes, le moindre que l’on puisse dire, c’est que ce nouvel opus de Thurston Moore est couvert de louanges. Je me suis alors demandé si je ne fatiguais pas, si au final, il n’était pas temps pour moi de passer définitivement au mainstream et de me délecter de la sortie d’un nouvel album de Marc Lavoine en collaboration avec Vianney. Car ce nouvel opus de l’ex Sonic Youth est pour moi un voyage au bout de l’ennui, la quintessence d’un entre soit gênant, la position douloureuse de celui qui voit que la jeunesse passe pour tout le monde, même pour une de ses idoles.

Et pourtant l’affiche était alléchante. Au générique Debbie Googe de My Bloody Valentine (basse/voix), Steve Shelley (batterie), ‘Wobbly’ de Negativland (claviers, électronique), James Sedwards (guitare) et Jem Doulton (batterie). Sur la frise du temps sonicienne, la suite au fantastique et fureteur album de Kim Gordon, et c’est peut-être là qu’il faut chercher le premier caillou dans ma chaussure. Si Kim Gordon semble rajeunir, fuyant la position statique pour une démarche artistique toujours en mouvement, Thurston Moore lui ne quitte pas des charentaises chaudes et moelleuses, un beau gilet à grosses mailles pour éviter les courbatures en prenant un coup de froid en sortant du studio et surtout une boite à idées dans laquelle il repêche des choses utilisées par le passé (le jeu du riff est une façon de réécouter le disque sans qu’il devienne juste un habillage sonore). Alors certes vous me direz Frédéric François fait le même album depuis 50 ans, et sa fan-base ne semble pas lui en vouloir, elle semble même grossir (bon soyons clair surtout dans les cimetières).

« By the Fire » se rapproche d’une séance de gym que nous pouvions suivre le matin pendant le confinement, sauf que chez Thurston, c’est l’étirement qui comblera 99% de celle-ci, rallongeant à souhait, laissant à penser une baisse d’attention, un endormissement d’après-déjeuner, qui pour autant ne lui fera pourtant pas rater un train tracté par une locomotive aussi rapide que le petit train de la baie de Somme.

Depuis la fin de Sonic Youth, nous cherchons l’enthousiasme sans pour autant attendre la suite via trois directions. Si Kim a depuis longtemps essayé des chemins escarpés quitte à chuter de la falaise (je sais comparaison n’est pas raison.), que Lee visite des mondes parfois inhospitaliers, Thurston semble avoir du mal à s’extirper de cette route déjà extraordinairement chaotique du groupe, se reposant sur un fond de commerce balisé et une érudition certes riche, mais loin des frictions du groupe, les étincelles qui mettaient le feu.




 autres albums


aucune chronique du même artiste.

 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.