Difficile de miser sur les comparatifs avec d’autres groupes ou de se réfugier dans l’analyse stylistique lorsqu’on s’apprête à chroniquer un disque de Stereolab ... A ma tante qui me demandait hier quel disque jouait dans mes écouteurs, je ne pus répondre qu’un peu convaincant "Oh, c’est Stereolab, une sorte de jazz un peu électro". Passons donc l’abécédaire facile du chroniqueur paresseux pour nous recentrer sur les émotions véhiculées par cette nouvelle compile fleuve (3 cds, 36 titres et 1 dvd !) et à l’image du groupe qu’elle honore : le plaisir est immense de retrouver Stereolab à nouveau au top du jouissif, après un dernier album "Margerine Eclipse" pas vraiment passionnant et les quelques dernières productions en demi-teinte (à l’exception du formidable Sound Dust). Qu’il est facile de s’imaginer avoir encore dix-sept ans lorsqu’on écoute un bon vieux Stereolab !
Car depuis qu’on les fréquente (1992), ni Laetitia ni ses amis n’ont pas beaucoup changé, ni leurs chansons d’ailleurs, déclinées en déjà 9 albums et 5 copieuses compiles dont voici la dernière sortie (en gros, celle-ci, dans un joyeux bordel, regroupe vaille que vaille les faces b des maxis de la période 93-2000). De Stereolab, la majorité jugera sans doute durement l’apparent manque de renouvellement de l’ensemble (même façon de chanter, mellotrons et orgues hammond employés quasi systématiquement, choeurs à marque déposée genre "tu tutu" et "papalalapapalala") tandis que le fan tombera en pamoison comme si c’était à nouveau la première fois ! En auditeur neutre, on se demande comment ne pas applaudir ces éternels aventuriers du kitch, artisans d’une indie pop psychédélique à haute teneur flippante ou remuante. Stereolab, c’est une bizarrerie, une foutue anomalie. Et mine de rien, avec Teenage Fanclub et quelques autres, ce groupe-là aura traversé les ans sans jamais changer fondamentalement la formule au gré du courant d’air vendeur ni perdre le respect ou l’intérêt des admirateurs, ils sont peu à pouvoir s’en enorgueillir et ce n’est déjà pas si mal comme acte de bravoure à ajouter au dossier de la défense.
Donc la compile ... Je ne m’attarderai pas davantage que pour en dire combien le voyage est à nouveau riche en éclats de rire et émerveillement permanent, rêves éveillés, nostalgie, doigts qui tapent sur les genoux, pieds qui swinguent d’eux mêmes ! Avec Stereolab, le message est simple et ne changera jamais : Aimez jusqu’à plus soif, roulez-vous longuement dans l’herbe du soir, et surtout, enivrez-vous sans cesse ! .