Supergroupe colombien, Los Piranas est une réunion de musiciens qui en s’associant tentent (et parviennent) a retomber dans les années de formation, quand tout était à découvrir, tout était à construire. En mettant en commun leurs expériences, ils vont à contre-courant de la recherche du départ, mais celles-ci ne devaient pas dénaturer la volonté primaire, juste l’accompagner pour qu’elle puisse s’épanouir sans tomber dans un formalisme désuet, tuant dans l’œuf un désir d’autre chose.

Alors face à cet objet qui mélange différents mouvements musicaux d’Amsud avec du psychédélisme voir du jazz, je suis resté déconcerté à la première écoute, mais ne sachant pas l’expliquer celle ci s’avérerait la première d’une longue série, sans que j’explique pourquoi ce style loin de mes aspirations musicales finira par me voir succomber, presque danser si je n’avais depuis longtemps eu la peau de ma compréhension du rythme. L’énergie que dégage cette musique étrange, hybride, nous proposant des sons comme sortis de nos émissions d’enfance, des passages nous replongeant dans une sorte de cirque dans lequel les acrobates auraient le premier rôle, n’échangeant que le bras droit en l’air et le gauche sur la taille en scandant « Eh » comme sur le turbulent "Todos Tenemos Hogar".

Les guitares déraillent, les rythmiques puisent dans un passé et une géographie étendue, donnant à « Historia Natural » un parfum presque juvénile, joueur dans ce que le mot à de plus noble et plaisant. Ce disque en tentant un retour vers le passé, ne tombe pas dans le piège de régression nous propose même de dessiner avec lui un avenir plus joueur en oubliant notre présent si sérieux. Un disque qui nous dévore.