> Critiques > Labellisés



Gageure que de choisir un disque comme « In Utero » de Nirvana, groupe qui aura finalement passé de l’autre côté du spectre de la célébrité, entrainant une fin de non-recevoir pour une tranquillité souhaitée, pour une vie tout simplement, celle ne tenant qu’à un fil que la conception d’in utero finira par couper entrainant Kurt Cobain à commettre l’irréparable.

Gageure disais je, car tout à été écrit sur le groupe, et les thuriféraires du groupe se postent sur les miradors prêts à contredire, pinailler, voir dégommer un travail, qui plus est sur un disque qui sans le demander quittera les rayons des disques indépendants de nos disquaires pour garnir ceux des variétés internationales.

Et c’est bien là la partie la plus intéressante du travail de Palem Candillier, celle qui consiste à nous décrire de façon clinique la guerre entre un groupe qui voulait garder son intégrité et les grandes huiles d’un management qui voyaient en Nirvana la poule aux oeufs d’or. Dindon de ce qui aurait pu être une farce, Steve Albini et son cultissime bleu de travail, devant plier sans véritablement rompre, ayant sa vengeance, non pas contre le groupe, mais contre le management de l’époque, en ressortant les bandes maudites le temps de la réédition de l’album.

Du livre il en ressort quelque chose qui confine à la fragilité, le physique de Kurt comme l’incarnation de celle-ci. Kurt semblant trouver de la force pour répondre aux attaques contre sa femme, au piétinement de sa vie privée (le côté très obscur de la célébrité).

Le livre est écrit avec un souci du détail qui pourrait décontenancer les connaisseurs, mais comme l’ensemble de cette collection, la découverte d’un disque doit prendre en considération des terrains vierges de tout savoir, offrant un socle solide pour qui souhaiterait découvrir ce grand disque malade, qui derrière l’apparence même du grunge et de cette désinvolture, cache mal lui aussi un souci profond du détail, même quand ceux-ci sont le fruit de rêveries ou de lectures anciennes abreuvant un long fleuve pas vraiment tranquille.

Comme pour les autres livres de la collection, ce « In Utero » est l’occasion de redécouvrir un disque que nous avions oublié de réécouter, de tordre le cou à un « Nevermind » qui aura scellé le sort du groupe, comme un clou en or d’un cercueil en construction. C’est aussi une belle manière de voir en ce groupe, bien plus que ce qu’il pouvait paraitre, un groupe important, car synthétisant tout une génération dans son rejet des ordres établis et des parangons du consumérisme, dans l’abandon face à l’adversité au profit d’un humour souvent vachard (MTV en tremble encore), via une écriture au combien précieuse, que le Unplugged mettra en face de tous les sourds qui n’entendaient que du bruit.

« In Utero » ou le feuilleton in vivo d’un disque comme une naissance avec les forceps.




 autres albums


aucune chronique du même artiste.

 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.