À force de cracher sur les revivals de revival cold wave / shoegaze, facile d’oublier le principal intérêt du rock 2010-2018 : tout panel musical est bon à exploiter, du moment qu’une sincérité s’y dévoile, pourvu qu’une urgence se perçoive.
De ce point de vue, les Rennais de Nūde possèdent un avantage sur la cohorte des boursicoteurs JMC : une solide assise rythmique (la basse émoustille les sens), une volonté pop, et plein de bruit autour. L’EP Failed Procession ne joue guère la carte de la reverb façon cache-misère. Inversement à beaucoup, aujourd’hui, en France, le quatuor dispose d’un songwriting solide lui permettant de laisser libre court à ses passions supersoniques. La différence s’impose dès la première écoute : ça arrache, mais c’est foutrement bien écrit.
Bien sûr, l’auditeur retrouve d’anciennes marottes. Mais Nūde, dans ses influences, raccourcit les frontières séparant Charlotte Sometimes de Leave Them All Behind. En trois titres, et parce que très intègre, le groupe réussit à faire oublier ses possibles antécédents. La personnalité de Nūde l’emporte sur l’histoire du rock. Et c’est déjà énorme.
On imagine, sur scène, une putain de déflagration électrique, avec juste de quoi, vocalement, permettre à l’auditeur de planer. Il faudra peut-être se rendre à Rennes, un de ces jours, rien que pour traquer les membres de Nūde…