Kshoo et Laurent, les deux guérilleros derrière l’entité Noise Generator, restent fidèles, avec l’abrasif Compassion 0.0, à leur univers empreint de beats surpuissants, de sèves punks, de hardcore malin… La formule, que l’on pourrait grossièrement résumer telle une collision entre Prodigy et les Clash, ne diffère aujourd’hui guère de l’EP No Rest For The Unseen (claque d’il y a cinq ans – déjà ?).

Mais si les Noise balisent la même route, c’est dans les compositions que le duo parvient à surprendre, et finalement se renouveler. Car disque après disque, au-delà de la maîtrise de plus en plus évidente des sonorités tech-punk, l’écriture surpasse maintenant le choc des décibels. Noise Generator, qui connaît très bien le romantisme dark de NIN et Depeche Mode, parvient ici à faire surgir des émotions nouvelles, une fissure derrière le branle-bas de combat. Et si Compassion 0.0 s’écoute à plein volume, jusqu’à fissurer les murs de notre appartement, on voit bien que ces chansons pourraient fièrement parader en acoustique, que la nudité n’enlèverait rien au talent des compositeurs.

Sur ce point, la musique des Noise poursuit une tradition Pistols / Reznor / UK Subs : si vous arrachez la chair sonique, l’ossature des mélodies permettra aux compos de toujours tenir debout – on ne demande quand même pas au duo de virer acoustique, please !

Reste le problème de l’époque : trop punks, trop marginaux, les Noise s’accordent mal, aujourd’hui, à une industrie qui privilégie la gentillesse pop, les bisous et le suçage de Z. Or, en 2018, nous avons impérativement besoin de formations destroy, de bad boys, d’emmerdeurs provocateurs. Il faut que les punks réinvestissent tous les territoires de la société musicale. Non, là, on rêve…