> Critiques > Labellisés



Le cerveau est quand même une drôle de machine qui peut nous jouer de mauvais tours, comme celui de ne pas entendre (une différence avec écouter) la beauté et la densité de « Rising - la fin de la tristesse » de Blaubird. Pour enfoncer le clou de ce mea culpa, nous avons snobé un titre de cet album pour le dernier volume de nos compilations. Faute avouée à moitié pardonnée, pas vraiment, car à force d’être dans une frénésie de musique, le plaisir rapide prend parfois le pas, par fainéantise, ou par l’usure.

Mais bon assez de parler de nous, enfin de moi pour le coup, et plongeons-nous dans un disque à nul autre pareil, un objet sonore qui plonge dans les teintes passées, dans les échos lointains pour amener des histoires amenant à une métamorphose, se désarmant pour mieux s’offrir et se reprendre au final, la carapace fondue pour donner naissance à une passerelle.

Passant du français à l’anglais ou au yiddish, Laure Slabiak (accompagnée d’Olivier Slabiak son compagnon et leader du groupe Les Yeux Noirs) transmet une émotion nouvelle, comme a pu le faire Rodolphe Burger quand celui-ci nous amenait vers le Welche, compressant le temps pour que le passé et la modernité se rencontrent pour un dialogue tout autant pour l’art que pour la mémoire.

Magnifiquement enregistré par le magicien Ian Caple, l’album dévoile facilement certains indices qui finissent par être des clés pour aller plus loin dans la perception de celui-ci.

Les chansons d’une infinie mélancolie se déploient dans un raffinement jamais ostentatoire, jouant avec l’ombre et la lumière, laissant percevoir par endroit le passé de chanteuse lyrique de Laure. Pas éloigné de l’univers de Watine, Blaubird ne l’est pas non plus de celui de la perfection, comme sur le divin « Cradle Song », véritable point névralgique d’un disque qui sera parvenu à ses fins, métamorphoser aussi son auditeur. Divine rencontre.