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Il n’est pas aisé, de tenter de trouver les failles de nos psychés et y laisser entrer un peu de la clarté du jour, il est dur de penser a la beauté de la vie si on sait de sa fragilité, il est dur de faire le funambule entre la joie et la tristesse, mais ceci est aussi terrain fertile pour tenter de semer des trésors. Là cultivent Habitants leurs points de vues. Ce groupe hollandais-chilien, un brin Shoewave aux influences des sombres 90, Slowdive, Cocteau Twins, This mortal coil, offre son début, boosté par les fans de Gathering qui y retrouvent René Rutten, la multi instrumentiste Gema Perez, les mots sur la voix de Anne van den Hoogen, Mirte Heutemekers a la basse et finalement Jerome Miedendorp de Bie a la batterie (le frère de René n’ayant pas suivi le projet), ces visages de frontières variées ont réussis en deux jours de crowfunding a donner le jour a ce fabuleux et volatile album. Si René à l’art de créer les paysages sonores, le groupe a lui le don d’émerveiller, de propulser à chaque chanson les auditeurs dans des lieux de pouvoir, de puissances, a rythme de charge. Cette darkwave prenante scintille le long d’une production majestueuse, sans être pompeux ni majestueux, les chansons défilent comme des portraits en noir et blancs qui cherchent une couleur alternative, cette idée Baudelairienne que la lueur est dans ce recoin noir, que la beauté loue des appartements dans les cloaques, et cette voix d’une douceur aigue qui lance des croisades dans les faiblesses, en survolant les nerfs, joue sur les hauteurs des guitares et les profondeurs des claviers. "One self" est une introspection poétique, enlevée, etherienne, dont l’ancre n’est que poids logique de la vie, le jour au jour a qui la nuit donne des répliques oniriques, un disque qui retient comme une amphore la forme parfaite et vraie des sentiments, qui parle de la vulnérabilité, des erreurs et failles de nos émotions, tout autant qu’elle crie au plaisir de vivre, un disque qui parle d’amour, de passion comme seule arme, couteau suisse des quotidiens, qui évoque la solitude comme l’abris des tempêtes. Habitants font onduler nos diaphragmes le long de leur voyage, au rythme des véhicules empruntés pour le trajet, claviers, baguettes, rimes, de ces voyages d’yeux clos, pupilles retournées vers nos intérieurs de doutes et foi, regards intimes qui quémandent des pourquoi en accélérant les rythmes et ne veulent écouter la réponse en étirant leurs vagues de touches blanches et noires. Oui, en étant objectif, tout cela existait déjà, ces craintes, ces atmosphères, ces contrastes de voix claires sur magma accumulés et épais, mais reste intact le bonheur de ces envolées épiques, de ces impressions de plaies, empreintes d’obscurité, et héroïques compositions qui font se relever les corps tombés aux combats, il y a du bonheur a plisser les yeux dans les fumées d’un concert où ces titres prennent leur ampleur de légendes opaques, nordiques, cruelles, lourdes, gluantes, magiquement envoutantes, ces photos en noir et blanc des membres pris entre la buée et le faisceau, il y a du bonheur dans la grandiloquence de cette musique, ce baroque plaisir d’en vouloir toujours plus, plus sombres, plus froid, plus triste, plus survivant, plus debout, plus vaillant, plus brillant, plus interne. Il y a du bonheur a croire encore que la frêle vie peut s’achever sur le palier de notre maison, en tournant la clef, mais que d’ici a cet instant, il y a des ivresses, des lumières qui dessinent de l’art dans les angles des murs, des premiers amours de gosses au joues rouges, des gestes élancés de bras d’un ballet surpris, il y a du bonheur a chercher encore la beauté là où personne ne pensait l’y trouver, dans la poésie tissée dans les notes de ces compositions, il y a du bonheur a écouter Habitant se débattre dans les failles de sa psyché d’ensemble pour qu’y passe la lumière qu’ils nous offrent.




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