D ‘Alexis nous avions cette vision de chanson française réaliste, avec une bonne dose de modernité, mais ce je ne sais quoi de style désuet. Avec « Les Affranchis » Alexis entame un virage dans sa carrière. Le coup de volant n’est pas violant, mais suffisant pour changer de trajectoire. J’ai de suite cru à un concept album autour du film de Scorcèse, d’autant que la chanson ouvre le disque. Mais les affranchis sont ici multiples, ils pouvaient être sous le joug de l’amour, d’une maison de disque, d’un homme politique ou bien encore d’un entourage désespérant. Utilisant moins son instrument de prédilection (l’accordéon) Alexis donne un bon coup de jeune à sa musique, celui ci devenant presque légitime dan l’écriture rap, loin du slam ridicule, nouveau terrain de jeu des adeptes de la rimes flatulentes. Sans renier son terroir d’origine (« C’est Le Printemps » est une chansons que Brassens n’aurait pas renié) Alexis se plonge dans la pop folk, racontant des histoires, tout aussi ubuesques qu’intimes, ne reniant rien de son passé afin de mieux nourrir ses histoires présentes. Là où Benabar ne raconte rien à force de gesticulation pathétique, là où Delerm éloigne l’auditeur du propos à force de le faire songer à autre chose, Alexis capte son auditeur de cette voix pourtant grave et presque fatigué. Parfois désuet, tantôt loin de nos préoccupations musicales ; « Les Affranchis » est pourtant un album de chanson française qui ne nous fera pas honte. Simplement un bon disque.