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Un groove démentiel, des percussions tribales, aux rythmes impénétrables et irrésistibles à foison, une musique bigarrée, éclatante de joie et d’espoir, et pas moins de 14 musiciens, tantôt à la voix, tantôt aux cuivres multiples et mélancoliques, avec son lot de cordes égrainant à tout va : pas de doute, on est tombé sur le nouvel album de l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp. Depuis maintenant plus de dix ans, l’ensemble s’amuse aussi bien à nous perdre qu’à nous envoûter, à nous raconter d’étranges échappées en terres luxuriantes et des trésors pêle-mêle.

On retrouve alors le bien-aimé John Parish à la production, qui a pour lourde tâche d’équilibrer ce qui sans un talent certain finirait juste par faire un gloubi-boulga mal digéré et énervant, et qui y excelle : dynamiques merveilleuses, son ample et chaleureux qui rend toute justice aussi bien aux embardées de deux contrebasses qu’aux marimbas, aussi bien aux parades frémissantes des violons et altos qu’aux renâclements de la guitare électrique.

Tandis que l’espace d’un instant, on se retrouve en face de fresques afro-électriques, il suffit d’un sursaut d’une seconde pour que tout se mette à hurler, à prendre des formes soudainement plus agressives (l’entrée en matière de The Unknown) ; on repense à Fela Kuti, dans la forme réjouie que prend le tout, on pense bien sûr à l’esprit dada appelé par Marcel Duchamp, et à ces groupes africains jouant de percussions comme moyen de rassembler, s’affranchir, rassembler, clamer une joie de vivre uni, tout un.

Ce sont tous les instruments qui viennent alors chacun compter, clamer, tinter, éclairer : des lumières qui habillent ces terres fertiles de toute une imagination proche d’une torpeur heureuse faite musique. Et pêle-mêle, on retrouve alors les chœurs qui hèlent, poétisent (citant Gaston Miron sur Bêtes féroces, rappelant que « À force d’avoir haï toutes les servitudes, nous sommes devenus des bêtes féroces de l’espoir. », affabulent et bourdonnent sauvagement.

Toutes ces circulations frénétiques montent petit à petit droit au cœur, car le temps d’un album, on a réentrevu la beauté primale, originelle, confondue dans un océan de complexité à la surface limpide ; cette musique tend une main généreuse et amusée à soi tandis que de l’autre elle danse du bout des doigts. On attrapera volontiers cette main pour se lancer en de folles estocades de danse, des pas guidés par le sursaut du son, des bonds portés par les rires des instruments.




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