Alors que la chanson française semble se perdre dans une vague caricature, confondant écriture et maniérisme, look cool et suicide vestimentaire, il est bon de constater le retour d’une des plumes les plus agréables de ces 20 dernières années. Si vous avez une vingtaine d’années, Superflu est pour vous le mot qui résume le mieux tout ce qui ne se rapproche pas d’un écran numérique. Si vous avez deux fois vingt ans, que vous avez toutes les compilations de votre webzine préféré, et bien Superflu est un des groupes pop folk les plus attendrissants et les plus talentueux du pays de Chaton. Pendant que la tristesse inondait les disques de l’époque, Superflu nous recouvrait de mélancolie et de chansons comme des doudous.
En revenant sous le nom de Fontaine Wallace, Nicolas Falez ne pouvait pas rester dans l’anonymat, la voix et l’écriture ne pouvant elles pas travestir un talent qui nous a accompagnés au gré de 3 Albums. Fontaine Wallace, tiré des si belles fontaines publiques qui fleurissaient dans Paris, et que Nicolas Falez réutiliserait pour y distribuer gratuitement une forme d’élixir de jouvence, avec cette petite pointe acide pour ne pas nous endormir sur les lauriers décrépis d’une société en pleine déconfiture. La mélancolie est la cire qui scelle l’ensemble des titres de cet album à la riche formule ne tombant pas dans les formules faciles, mais signe des flèches lexicales hallucinantes de beauté et de justesse (si l’un d’entre nous peine, nous empêcherons qu’il tombe, si l’un d’entre nous tombe nous chanterons votre peine), comme sur « Quarantaine » chanson qui s’impose comme une peinture sans piège, à prendre frontalement, avec tout la bienveillance qui transparait.
Si les thématiques sont certes éculées dans la chanson d’ici (l’éloignement, la perte des repères…..) ils sont traités, comme toujours chez Nicolas Falez avec délicatesse, le chant nous rappelant les premiers albums de Dionysos, sauf qu’ici Nicolas Falezne fait pas appel à un imaginaire complaisant avec son auteur, mais à une peinture réaliste graphitée par des mots justes.
Fontaine Wallace devrait passer sans peine le cap du disque de plus, pouvant largement s’étalonner sur les auteurs de la chanson d’ici, les chatons et autres supercheries actuelles pouvant se faire les griffes sur l’épaisse couche de vernis qui recouvre leur vide. Admirable.