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Je suis un homme chanceux, en prenant pour barème le peu dont j’ai besoin pour être chanceux, le pas beaucoup qui suffit à me rendre compte de ce qui tombe dans mes mains. Chanceux pour écouter chaque jour des musiques, pour toucher du bout des oreilles des mondes entiers. Mais la vraie chance réside en ce réseau d’amis qui sont des espions de bon gout et de bons mots, un filet a poissons tissés entre Madrid et le reste des scènes. Oui, j’ai des amis bien que virtuels, de vrais amis, dont le sens de l’ouïe n’a d’égal et le regard ne se trompe jamais, ils subissent la même chair de poule que moi. Alors quand ma chère Marie Destouet, je te cite parce que le monde doit t’ouvrir les bras, quand ma chère Marie me parle d’une telle, qui a fait son petit show magique a la Passerelle 2 (ce lieux deviendra légende je vous le dis où je puise de bien belles découvertes), j’accroche la feuille en sachant parfaitement que l’instant va être féerique. Hey Sarah sonne pour la première fois dans les écouteurs, le crâne s’emplie de lueurs qui le gonfle comme une montgolfière, tout avaler, ne rien laisser partie, remplir once a once, acre a acre, ciel a ciel, chaque sonorité, chaque accent, chaque mots dans chaque intonation, le crâne n’a de limites, Hey Sarah est éther, kérosène, et voila que je vole. Merci Marie, soyez bénie d’entre touts les femmes.

Sarah a l’air frêle, friable, de ces fées longilignes qui pourraient passer inaperçues si elles n’émanaient ce je ne sais quoi qui te pousse a répéter son nom avant chaque chanson, histoire de lui dire qu’on l’y a reconnue, qu’on l’y a aperçue, oui, Sarah a l’air d’un arbuste dont on attend la floraison, une jeune femme dont on attend le beau, de ces femmes dont on est sur que dans une vie antérieure elles furent sirènes, tout en elle entraine. En la regardant le temps de ses chansons, on y retrouve la finesse de milles folk singers, des Cat Power, des Bat for Lashes, et puis des matrices, des rebelles Baez, des rêveuses Frida Bocarra, des sensibles Barbara, la changelins Françoise Hardy, de ces anges qui berçaient nos enfances de tous âges de leurs voix si pures, si naturelles. Sarah possède cette voix de pure délicatesse, cette légère bruîmes qui assouvie les chaleurs, cette soie qui défie les froids, cette voix fine et emplie d’air calme qui feule les sens. Sarah a l’air forte, femme d’aujourd’hui, les idées posées sur des épaules indestructibles, la notion claire d’où doit se déposer la lumière et d’où doit s’envoler l’ombre, d’où doit s’étendre la nostalgie et d’où doit s’épandre le futur, son allure de fille de robes fleuries, de champs et de nature, les cheveux longs et la fraicheur de la jeunesse, trompe sans tromper, il y a de cela, il y a au-delà. Frêle et forte, sourire et nostalgie… Sarah est toutes femmes. De là sa facilité a atteindre tous les styles qui entrent dans son humeur, le vintage comme l’électronique, le rock, la pop, la folk onirique, et des pincées ci-et là d’un humour jazzy, Sarah est toutes femmes, et toutes époques, et est toute ses chansons. Le disque, bien sur, est à son image, fidele à ses pas, léger, agréable, frais, naturel. Le début de cet Ep. " Ok woman" parait naïf, quelque chose d’enfance, mais bien vite il prend l’ampleur d’une femme entière, séduisante comme l’orient présent dans les sonorités sinueuses, et dure dans la sécheresse du rythme, un éventail ouvert sur toutes les féminités, qui creuse petit a petit jusqu’à trouver la profondeur des mères, l’univers, la voix n’a de faiblesse, elle chemine naturelle mais sure d’elle. "Loudspeaker est une empreinte 50’s qui c’est posée sur un manège loufoque. Là dort une réclamation, un désir caché par timidité de crier, d’avouer, de parler de faiblesse dans la force de la légèreté, funambulisme, cirque et peut être une certaine peur d’être écoutée. " Ta dulcinée", au-delà de montrer le talent d’écriture, montre des recours aux auras des grandes conteuses françaises, le surprenant savoir faire de la simplicité que montre Sarah, l’art de la narration, cet art de faire entrer dans nos cranes ces ritournelles légères comme un beau souvenir. Ceci est la part réelle de ce disque, par delà cet aspect, il y a ce gribouillis heureux que ces trois petits contes nous ont laissés dans le ventre, ce sentiment d’une joie calme, vous savez, le bonheur, celui qui sait qu’il y a des hématomes, mais que ces bleus ne sont qu’une couleur dans l’infinie palette, Hey Sarah, en trois coups de cuillère, nous a fait dévorer un bout de paradis, on attendra dans les secousses suivantes, d’amplifier ce sentiment étrange de se sentir bien.




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