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Le propre de l’indépendance c’est être quelque part insaisissable. Rendre impossible son enfermement, son rangement dans une boite avec une étiquette et un code à la nomenclature abscons. Sans ressembler à un ermite distendant les ressorts de la rencontre, de l’échange, l’indépendance demande à respecter des codes afin de brouiller les pistes, laisser le moins de traces possible et fuir, autorisant juste l’abnégation à une poursuite possible. L’indépendance est donc un équilibre à trouver entre la renonciation et l’offrande.

Tiny Feet a pour cet album trouvé l’équilibre. Sur une corde, Emilie Quinquis aka Tiny Feet se déplace avec aisance, grâce, flinguant dans l’oeuf la moindre réticence sur un possible exercice de style. Car derrière le vernis de la dualité entre l’anglais et le breton, derrière le paravent luxueux d’un casting haut de gamme (Yann Tiersen au violon, King Creosote à la voix, Simon Smith à la batterie et Gareth Jones.) Il y a, et surtout des chansons, qui ne dédaignent pas de s’échouer sur l’ile à la mélodie parfaite.

Comme une éponge Emilie Quinquis a su s’imprégner de ce qui a pu s faire de mieux dans les vingt dernières années, plongeant dans un creuset pour en sortir une potion druidique. Tous les ingrédients, et ils sont nombreux, sont dispensés avec une méticulosité étonnante. La facilité qui aurait consisté à hisser le triskel et à faire forger les coeurs dans une forêt où la brume recouvrirait les arbres, a été envoyée par le fond. Car le disque s’il a sa part de Breton, n’est pas bretonnant. Il respire l’air changeant d’un Morbihan comme porte d’un enfer, mais aussi celui des morts qui peuvent danser ainsi que ceux plus inquiétants encore des sous-sols aux lumières chevrotantes d’une ville où l’humidité s’évapore au contact d’un sol chargé d’électronique. Il respire surtout la tradition folk dans ce qu’elle a de plus fort, de plus remuant, quand les tripes sont le réceptacle de nos émotions.

« As an End to Death » est une oeuvre étonnante à plus d’un titre, s’apprivoisant avec l’abnégation du photographe cherchant à capter la vague ultime quand la tempête fait rage. « As an End to Death » est une oeuvre intemporelle s’inscrivant dans une histoire qui ne sait pas toujours se faire entendre . Enfin « As an End to Death  » est enfin une oeuvre belle, quasi immaculée qui n’est pas sans nous rappeler le disque quasi documentaire d’un Rodolphe Burger pour la langue Welsh, quand la chanson servait aussi à ne pas oublier les mots. Nous n’oublierons pas de ci tôt ceux de Tiny Feet. Troublante et émouvante rencontre.




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