> Critiques > Labellisés



D’abord, d’abord il y a cet attrait qu’aura toujours Rennes pour notre génération sonore, parce grand part de notre héritage rock vient de cet Eden la, là sont nait les premiers pas d’une liberté d’expression, on regarde toujours avec plus d’intérêt ceux qui viennent de là. Mais ce n’est que le premier attrait, le fait que Jérôme Sevrette se soit penché sur leur berceau armé de sa baguette magique de photographe est un plus, là où les hommes de bon gout passent, le talent a sa place. Reste l’attrait historique de savoir ce que feu le groupe Frigo peut avoir semé dans ce nouveau phœnix issu de ses cendres- Et puis, le principal pour me décider a parler d’eux, c’est le talent, tout simplement ce petit déclic qui fait qu’on a foncé dans ces chansons sans s’en rendre compte, qu’en un rien de temps on a écouté ça trente fois au moins, que les doigts de pieds bougent et les ongles tapotent, il y a chimie, alchimie, une relations, comme un cordon ombilical qui nourri le besoin de son qui s’installe, et plus fort encore, le plaisir, le simple plaisir. You, vicious ! Est déjà un nom qui attire, qui nous interpelle, nous, vicieux ? Décrivez-moi comment, dites-moi pourquoi, quelque part, bien sur, on admettra tous être vicieux, ne faites pas les innocents. Comment nous faire avouer ces vices ? Par le plaisir, évidemment. Max Balquier, multi-instrumentiste et Bren Costaire, puissant batteur, creusent dès lors autant dans la chair que dans l’âme, autant dans l’électrique que dans le gros son et provoquent ce plaisir, cette liesse ce dangereux état d’âme, le vice. Leur travail est vigoureux, perçant, inquiétant et hypnotique, mais surtout éclatant, aussi puissant que des bombes, aussi intelligent que des paix, des thèmes qui vous pénètrent par leur insistances, des sons leitmotiv, des mélodies Pavloviennes qui viennent et viennent sans fin comme des océans déchainés, où l’on se baigne quand même, il y a des crescendo qui vous ouvrent le thorax de part en part, des envolées qui vous arrachent des ailes des omoplates. Il y a aussi des réminiscences de Front 242 ("Dance with the Shaman"), des recherches sonores dignes du meilleur M. Gore, mais il y a en plus cette impression de noir imparfait, d’obscurité non démunie de lueurs, de ces ambiances que j’adore, dark illuminées, cold chaleureuses, un équilibre de sensations qui rend agréable la blessure même ("Puzzle in me" a même des doses de folie des Pixies). Il est difficile de parler de la technique pour un groupe qui la manie tant bien, avec tant d’assurance, et je suis plus a l’aise en ce qui concerne l’émotif, le charnel, la technologie a son poids, mais l’humain a son trône. You, vicious ! Est une invitation a l’absence, ce don de séparer l’esprit du corps, le corps peut bien danser a côté, c’est l’esprit qui se régale, dans les nuances sonores et les méandres des mélodies, cet égarement heureux que provoquent les guitares violentes et sèches sur les fonds d’ouragans des synthés, ces euphories permises dans les voix saturées qui jouent plus au détail qu’au phrasé, autre strate de cet astre, autre partie du monde immatériel. C’est "Pretty is all you have" qui vous fera chavirer dans cet autre monde, l’expérience extra-sensorielle, extracorporelle, c’est un hymne parfaitement conçu pour définir l’éternité, ce tatouage que l’on choisi pour le porter a jamais, tout y est, le bombardement, le vice, la beauté et le secret, l’onirique et le concret, le profond et l’élevé, l’aigu et le grave, un rythmique agressif, un cri décharné, une guitare aiguisée, et pourtant on y découvre la passion, quelque chose de tendre, quelque chose de doux, oui, le vice, c’est peut être aller jusqu’à l’extrême pour y découvrir la proximité, aller jusqu’à la guerre pour y comprendre la paix, aller jusqu’à l’électronique pour ressentir la chair. "Les pieds dans la lave et la tête dans les étoiles" prononce leur bio, "Les pieds en enfer et la tête dans le jardin d’Eden" est autre possibilité, tout contraste vaut, comme celui du beau vice et de l’immonde morale, du moment que ces mondes là maintiennent ces cordons ombilicaux musical qui le retro-alimente l’un et l’autre. Reste à patienter jusqu’à septembre pour un long play qui promet de nous vicier avec plaisir, petits vicieux que nous sommes tous.




 autres albums


aucune chronique du même artiste.

 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.