Chroniquer c’est souvent être confronté au dilemme du harem. Impossible de remplir toutes les promesses d’étreintes même quand celles-ci sont porteuses de promesses.
C’est ainsi que l’ep de Manolo Redondo descendit sans que je le vois sous la pile. Comme la Terre charrie des sédiments, il a réussi à remonter (ou la pile à descendre). Et un jour je me suis retrouvé face au disque, refouillant mes mails à la recherche d’une trace. Puis je l’ai écouté, et je m’en suis voulu de ne pas en avoir parlé plus tôt.
Mais que veux-tu mon ami, nous sommes pris dans une tourmente sans fin née du gavage abusif (parce que gavage tout seul ne suffit plus à signifier un tel abus) de productions, de labels à la course et d’albums oubliés même par la voiture relai. Pourtant tu portes la marque de Microcultures que je suis scrupuleusement. Un oubli de l’Histoire donc, comme j’en ai probablement aussi été victime. Mais la musique reste, elle attend juste des oreilles. C’est donc aujourd’hui ton tour, et je te félicite pour plusieurs choses :
premièrement tu as eu la correction de ne pas m’envoyer dix relances
deuxièmement tu as eu la correction de ne pas m’envoyer dix relances
Et au final tu ne t’es pas posé en putain de victime d’un système qui ne reconnaîtrait pas ton génie. Tu avances simplement, sans t’arrêter sur des petites frustrations.
Alors c’est moi qui te relances vois-tu. Merci pour ton disque, car c’est un bien bel ep, cinq morceaux d’une mélancolie aussi fine que les arrangements. Cinq morceaux qui plairaient à Bowie autant qu’à Tunng ou Micah P.Hinson. Mine de rien je viens de citer trois géants (principalement les deux derniers à mon goût) complètement disparates. Et là-dessus tu as construit ta vision. Une belle vision folk, ouverte au monde d’aujourd’hui (pas de folk coincé dans le rétroviseur = merci !), avec le respect des anciens (ton magnifique "A thirty y.o. loner comme hommage révérencieux et inspiré).
Et ton ouverture finale avec "I have changed" laisse présager le meilleur pour cette suite que je ne laisserai pas attendre. Bonne route à toi.