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Il m’est difficile de renier ma passion pour ces épiques rêves, ces espaces sensoriels, ces plages dreams aux rythmes guerriers internes, ces sonorités fusionnées, presque saturées d’effets envoutants, ces mélodies précieusement répétitives ou viennent se poser comme détails auditifs des voix propres et sages, je nage parfois dans des disques de Peter Murphy ou David Sylvian, dans les lieux songés de Cascadeur ou Archive, je flotte sur les ondées de Kramies et me couche sur les glaces de Asgeir ou Sigur Ros, et je me propose comme fête le Mercy Street de Peter Gabriel ou les Play Dead de Bjork, je n’ai aucune peur de parler de ma manière d’écouter chaque cliquetis dans le fin fond des graves, j’aime les atmosphère de Ian, ces tristesses aveuglantes, ces joies obscures. Normal que dans mon monde de sensations vienne faire son trou Birdpen, et je découvre a mon âge l’orgasme multi-sensoriel, le point G de mon gout pour la musique, le septième ciel sous-terrain, l’exacte sensation attendue dans les bras d’autres et trouvée là, dans l’infidélité d’un disque. Bien sur j’aime tout autant des crasseux du Mississipi que des fringuant dandys manchesterisés, puisqu’avant tout, tout est matrice a émotions, mais ici est l’entrée fine de ma blessure, la porte a ma lumière, l’arc de triomphe de mes ouïes. Birdpen ne devrait pas m’étonner, après des Eps semés par-ci par-là et un premier disque « On/OF/Safety/Danger » proche du monde de Radiohead, et après avoir fait la première partie de… Archive (pour moi il y avait anguille sous roche), leur manière de voir la musique était sur ma voie. Pour Archive, rien donc d’étonnant, Birdpen étant en fait le groupe d’évasion personnelle de Dave Pen, guitariste et chanteur du ci-dessus nommé très bon groupe Archive, et son alliance avec Mike Bird, ors donc Bird-Pen, soit Birdpen (je l’ai découvert tout seul) et l’aide cardiaque de James Livingstone Seagull aux baguettes (ce nom si compliqué ne lui a pas permis d’entrer dans le logo, Birdpenlivingstoneseagul, ça faisait beaucoup), mais il est bon de le nommer, tant son apport donne ce petit coup de colère qui réveille tout titre vaporeux. Birdpen n’est pas un satellite très éloigné du Style archivesque, il en est même une facette plus accessible, plus proche des masses, plus en superficie, si archive cherche l’âme, Birdpen cherche le paysage, la chair, l’organique, la partie plus humaine de la musique.

Donc je savais où j’allais mettre mes mots, mais je doutais de la qualité, vu que le dernier opus d’archive c’est rapidement gravé entre mon enclume et mon marteau et résonne encore dans sa beauté sur les parois de mon crane et la plèvre de mon cœur. Doute qui n’a duré que jusqu’à la troisième seconde de l’ouverture, a l’orée même de ce « like a mountain », le doute s’écrasa sous le poids d’une composition parfaitement équilibrée entre force et calme, et le disque était lancé, comme un wagon de grand huit dont les courbes passent en douceur, le temps de vous faire sentir la gravité ou l’absence d’elle, entre larges plages dont la pluie fine caresse vos joues de froids et chevauchée de hussards aux médailles bruyantes, un disque capable de définir d’un titre a l’autre toutes les sensations qu’un homme passionné peut noter dans son carnet a spirale avant de soupirer et reprendre l’écoute en même temps que le souffle. Bien sur il n’y a là aucun riffs déchirant, bien que certains murs de sons raclent en fond les souplesses et légèretés, ne cherchez pas le sang versé, sinon le sang conservé dans sa peau, a fleur de nerf, mais sans heurts, sans brusques et violents effets de voix, tout se joue dans la finesse, les maux comme les amours, les gueules comme les lèvres. Ici il s’agit d’une autre manière de cicatriser, de voir ses plaies, de souffrir, une manière plus romantique, plus aérienne, dont la froideur adoucis les cris. Tout réside dans l’intensité de l’ambiance, dans le plomb des notes, ou la plume sonore, dans la tension de l’instant, dans le calme du moment, Birdpen a le toucher de Midas en ce qui concerne l’équilibre des matières et esprits, et joue aisément entre ces deux états comme chiot fou entre deux balles.




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