Déjà, le nom du groupe : Deathday. Ensuite, les titres illustrant ce nouvel EP : « No Future », « Dropped Into Obscurity », « After Dark ». Si l’on part du principe que les musiques les plus joyeuses donnent envie de se pendre, alors ce « No Future EP » est certainement l’album nous ayant procuré le plus d’élans positifs au cours des derniers mois.
Electro-dark sans pose ni cynisme, comme si Abel Ferrara troquait le blues pour le synthétique, cette musique est froide, sans espoir, répétitive et punk (autrement-dit : le groupe parfait pour les animateurs de K-Fuel). Front-wave jouée par des robots maquillés de khôl, musique façon génération X (le monde est à l’agonie, alors enterrons-le), Deathday est au-delà de la colère et de l’insurrection. Ici, comme hier chez Joy Division, la bataille est déjà perdue, la guerre est terminée, les humains ont capitulé. Après, tout n’est qu’affaire de style : se vautrer dans le romantisme torturé ou bien chercher à décrire, avec distance et neutralité, le fameux déclin de la civilisation (pour paraphraser l’ex punk Penelope Spheeris). Hier, les précédentes livraisons de Deathday achoppaient sur ce point : comment retranscrire en musique l’allégeance au no future sans y adjoindre une touche littéraire façon The Cure ou bien une posture involontaire à la Bauhaus. Partant de ce constat, « No Future EP » est le meilleur album de Deathday : plus organique qu’à l’accoutumé, chaud et glacial, sans enrobage ni tentation gothique, le groupe atteint ce stade où les étiquettes et les intentions volent en éclats. De Deathday, ne reste aujourd’hui qu’une musique qui avance avec léthargie vers Dieu sait quoi, une musique cramée et camée pour auditeurs cramés et camés, trois chansons apathiques et mécaniques. Aux côtés de Deathday, le Martin Gore de « Black Celebration » s’apparente à un tendre optimiste.
Personnellement, moins d’une minute de « No Future EP » fut largement suffisante pour que j’arrête l’écoute du disque afin de me précipiter fissa sur le site « Mannequin Records » et me procurer, d’urgence, un exemplaire vinyle de cette musique revenue de tout ; de cette sonorité diabolique, overdosée, lessivée… Si le monde doit clamser demain, Deathday vient déjà de lui fournir la plus belle des bandes-son. L’Abel Ferrara extrémiste de « 4h44 » et de « New Rose Hotel » ne pouvait rêver meilleure musique pour un prochain brulot…