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Tiens, un nouveau Franz Ferdinand… Il faut dire que de la bande à Alex Kapranos, nous n’attendions plus rien de valable tant le précédent « Tonight : Franz Ferdinand » avait jeté un froid glacial sur notre rapport au groupe (disque vite écouté, vite rangé, vite oublié). Pourtant, le chroniqueur ingrat oublie trop facilement qu’il y a dix ans à peine, Franz Ferdinand fut une excellente machine à danser. Ces écossais n’avaient certes pas donné naissance au groupe du siècle, mais, le temps de deux albums que nous éviterons néanmoins de réécouter afin d’en préserver la sève initiale, ils incarnèrent le panache futile, un contrepied revigorant au flip du début des années 2000. Chez Franz Ferdinand, finalement, nous ne cherchions pas de grandes leçons de vie mais un pompage efficace et malin de l’héritage Postcard Records (d’ailleurs, beaucoup, en ce temps-là, découvrirent Aztec Camera, Paul Haig ou Edwyn Collins grâce aux compositions d’Alex Kapranos – rien que pour cela, et au nom des cadets, thanks Franz Ferdinand)…

Et c’est finalement le bon souvenir lié à « Take Me Out », « Darts of Pleasure » ou « The Fallen » qui nous incite à écouter « Right Thoughts, Right Words, Right Action » (encore un titre à chier). Impression après long décorticage : quatre années pour accoucher d’un dopplegänger de leur premier album.

Comme si les crises internes, le manque d’inspiration et la volonté de toujours conserver la royauté avaient incité Franz Ferdinand à se replier sur un savoir-faire, une formule forcément gagnante, un joker un peu pingre. Le problème étant que si Alex Kapranos ne décroche pas de son jeune passé, l’auditeur, lui, est depuis longtemps passé à autre chose qu’à des hymnes dansants sous influences Orange Juice. Non pas que cet album soi mauvais, loin de là, mais s’en dégage une curieuse sensation de décalage, d’anachronisme, voire d’inutilité. « Right Thoughts… » s’écoute sans déplaisir mais n’arrive jamais à correspondre avec l’époque. Franz Ferdinand semble également en être très conscient puisque chaque chanson transpire la peur de rater le prochain wagon successful. D’où une suite de faux tubes étrangement mécaniques, très (trop) carrés dans leurs intentions, des chansons qui suintent moins l’inspiration que le long travail en studio.

Franz Ferdinand dévoile ici une inquiétude qui ne sera jamais bénéfique à quelconque disque : revenir vers les acquis, chercher à mettre la dose en priant pour une bonne réception publique et critique, vouloir prouver que tout va bien (alors que, de toute évidence, ça ne va pas très fort). Conséquence : le groupe joue figer, il ne s’autorise aucune respiration ou laisser-aller (or, le mélange de professionnalisme et de décontraction naturelle constituait l’aspect cool mais bosseur des deux premiers disques des écossais).

Avec « Right Thoughts, Right Words, Right Action », Franz Ferdinand vire au groupe qui pense un peu trop respectabilité. Quitte à y perdre le feeling des débuts, quitte à écrire des chansons sous forcing. Difficile ici de ne pas penser à U2 et à R.E.M. : comme Bono à partir de « All That You Can’t Leave Behind » et Michael Stipe lors de « Accelerate », Alex Kapranos, après la tentation d’entraîner Franz Ferdinand sur les rives de l’expérimentation, revient, tout penaud, vers le confort du refuge, vers un son qui plaira obligatoirement aux fans initiaux (oui, certes, mais qu’en pensera la génération suivante ? Mystère Alex). Au moins Michael Stipe, conscient de l’impasse, avait-il choisi de tuer R.E.M. avant de devenir une parodie. A Franz Ferdinand aujourd’hui de choisir : mourir stupide ou renaitre sans se soucier des « qu’en dira-t-on »…




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