La notion d’émotion est tellement galvaudée (songez que certains disent en avoir face à une pièce de bœuf au restaurant.) que j’ai peine à l’utiliser au moment de vous parler de ce disque, mais pourtant, il m’est impossible de traduire ce que j’ai ressenti, et que je ressens encore en écoutant Aïnou Umeko Ando. Décédée en 2004, cette musicienne japonaise) était une représentante de la culture des Aïnous de l’île d’Hokkaido, dans le nord du Japon. Elle était une chanteuse et joueuse de mukkuri qui construisait les morceaux de son répertoire sur ce que l’on appelle des motifs de Tonkori, une harpe de cinq cordes. Upopo Sanke son dernier disque, est un disque moderniste dans sa traduction musicale, ajoutant à son répertoire habituel des percussions et de la guimbarde mukkuri. Accompagné de Oki au tonkori, Aïnou Umeko Ando transperce notre corps par son chant quasi-hypnotique qui nous éloigne de tout comme une spirale vers laquelle il nous est difficile d’échapper. Cette voix que l’on pourrait trouver fatiguée nous revigore, nous offrant via des mantras qui nous portent, mais sans en comprendre le sens. Édité par l’excellent label hambourgeois Pingipung qui depuis 2002 via MD Pallavi & Andi Otto, Sven Kacirek ou encore James Din A, de nous ouvrir aux mondes, car avec des sorties comme cet Upop Sanke ce sont des portes ouvertes vers les diverses contrées des émotions. Entre tradition et sagesse (rien que la pochette du disque procure un frisson)