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  • 6 mars 2010 /
    Cvantez
    l’interview

    réalisée par gdo

Interview réalisée par mail en Mai 2008

pourquoi une si longue attente entre les démos de quert et ce premier album ?

— D’abord il a fallu trouver un label, puis des musiciens (puisque je jouais seul sur les maquettes, plus par contrainte que par choix). Ensuite il a fallu attendre que le label se relève après la disparition de son distributeur. Ensuite on a encore dû attendre, le chien ivre s’était assoupi…

Cvantez donc, pourquoi ne pas avoir continué sous le nom de quert ?


— Quert ne me plaisait plus. Ca sonnait comme le nom d’une formation électro, pas comme celui d’un groupe de rock. Je cherchais des gens pour enregistrer ce disque, espérant laisser de coté ce projet individuel et faire à nouveau du rock en groupe. On partait donc sur autre chose. D’ailleurs certains des morceaux du disque ne ressemblent plus du tout à ce qu’ils étaient sur les maquettes de Quert.

la plus grande surprise sur ce disque c’est l’apparition de parole. Comment c’est opéré cette mini révolution ?

— Pendant plusieurs années, j’ai appartenu à un groupe, John Home, dont Sandra était la chanteuse. J’aimais beaucoup sa voix et ses mélodies, je lui ai confié les maquettes, elle a posé sa voix et ses paroles dessus. La tâche n’était pas facile pour elle, les guitares occupaient le terrain ! Et puis certains titres ne correspondaient pas forcément au registre qui est le sien. C’est pourquoi nous n’avons pas cherché à mettre des voix partout, de façon systématique, mais seulement là où Sandra pouvait s’installer. Parfois, il manquait un petit quelque chose pour que le mélange prenne vraiment, et dans ce cas nous avons préféré abandonner la tentative vocale et garder le morceau instrumental. C’est le cas pour Plumette et Les amants de fumée. Peut-être avons-nous été trop difficiles. Mais comme ça nous disposons de 2 versions chantées inédites. On les mettra peut-être dans une compilation d’inédits, plus tard !

Sur les morceaux chantés l’ombre des premiers titres de Dominique a avec François breut est très présente ? tu es d’accord avec ce rapprochement étonnant.

— J’admire le talent mélodique et d’écriture de Dominique A. Quant à Françoiz Breut, j’ai beaucoup aimé son deuxième album, qui compte des chansons magnifiques. Je ne suis pas sûr d’être à la hauteur de cette comparaison (du moins en ce qui concerne Dominique A, parce que la voix de Sandra me touche plus que celle de Françoiz Breut). Mais bien sûr, on est beaucoup plus proches de ces 2 artistes que de Genesis ou Mylène Farmer ! On fait peut-être partie de la même petite branche du rock en France.

comment opères tu pour la construction de tes morceaux ?


— C’est un mélange d’architecture et de jardinage : empiler, bouturer ! C’est aussi un processus de sélection. Il y a de nombreuses façon d’orner ou de négocier un passage, mais il faut pas mal jeter aux orties avant de retenir l’idée la plus aboutie et naturelle. Voilà un beau cliché ! Je crois que je n’ai rien de bien particulier à dire là-dessus. Les idées d’arrangement viennent facilement, ce qui est souvent fastidieux et oblige à réfléchir des heures comme sur un problème de mathématique, c’est d’emboîter certains éléments de façon harmonieuse et naturelle. Ce qui est certain, c’est que la construction de ces morceaux repose sur la combinaison d’éléments simples qui n’ont rien de décisif isolément, mais donnent quelque chose mélangés.

Peux tu nous expliquer le titre de l’album ?

— C’est le nom d’une pirogue sénégalaise. Là-bas les pirogues de pêche portent des noms parfois compliqués, comme celui-là. En général il s’agit des noms de dignitaires du village ou de la région. Ou du nom de leur femme. J’ai trouvé ça joli à l’oreille. J’aime bien le prénom de femme, désuet, ridicule même, mais rendu élégant et élancé par la fin. Musipontaine fait penser à « musique », et évoque quelque chose d’ancien. Ca ressemble à un vieux mot français, qu’on pourrait trouver dans une comptine, ou à un vocable suranné que seuls les habitants du Québec pourraient encore utiliser. Tout ça en Afrique sur une pirogue bariolée. Ca ne veut rien dire de spécial mais ça fait rêvasser.

Il y a une vraie dynamique sur ce disque, condensé d’ailleurs sur le titre l’aine et la nuque. Le paradoxe n’est il pas là, un disque surtout de guitare qui ferait la part belle au rythme ?


— Je ne sais pas s’il s’agit d’un paradoxe. J’aime les morceaux dansants, et l’émotion dégagée par la guitare.

tu te sens proche d’artistes comme Friends of dean martinez ?

— Je ne connais pas !

D’ailleurs quelles sont tes références ?

— Pour aller vite : Bowie et les Pixies. En terme d’époque, l’explosion du « rock inépendant » dans les années 90, avec Pavement, Nirvana, Sonic Youth, Pixies, Breeders, Faith Healers, Sebadoh, PJ Harvey, Blonde Red Head et bien d’autres, constitue ma période fétiche, mais je n’écoute plus beaucoup ces disques, je les connais trop par cœur !

Le travail sur l’accompagnement de l’image est il pour toi un challenge possible ?

— Tout dépend de ce qu’on entend par « image ». S’il s’agit par exemple des pochettes d’album, je préfère ne pas le faire moi-même et les confier à des gens doués pour ce genre de travail, à condition de pouvoir donner mon aval. Si tu penses à tout ce qui concerne l’apparence extérieure des musiciens, le look, l’habillement, l’attitude, c’est un souci très mineur chez Cvantez. La musique est la seule chose qu’on souhaite rendre vraiment publique.

l’avenir pour toi c’est quoi outre la sortie très prochaine de ce superbe disque ?


— L’avenir est déjà bien avancé : le deuxième album est enregistré. Il est assez différent du premier, car il a été conçu à plusieurs. J’ai croisé Cyrielle, qui chantait dans sa chambre. Du moins c’est ce qu’elle m’a dit. De fil en aiguille, elle a accepté de chanter ailleurs aussi, et finalement, elle chante (en anglais) sur 12 des 13 morceaux de « Tigers », le deuxième album. Les musiques ont été composées par elle, ou par moi, ou à deux. Et l’album a été enregistré à trois, par un vrai groupe donc, avec l’arrivée de xavier à la batterie. Ensuite Piéric a fait son entrée à la basse, pour quelques concerts l’année dernière. La seule chose que nous espérons, c’est que ce deuxième disque ne mettra pas 5 ans à sortir. Nous l’avons proposé aux quelques labels indépendants encore en vie dans le pays, y compris à Drunkdog. On verra…

le mot de la fin est pour toi

— Désolé Gerald, je suis nul pour les mots de la fin, même par internet !