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Cela fait plus de quinze ans que nous suivons les aventures de Cvantez, un des projets qui aura donné à ce webzine des raisons de continuer. À l’heure où ce dernier traverse une période difficile, recevoir des nouvelles du projet d’Olivier Salaun et de Xavier Maloumian (dont c’est le troisième disque avec Olivier) c’est comme une bouffée d’oxygène, comme si nous étions à l’image de l’époque en manque de celle-ci. C’est avec un nouveau line up que Cvantez nous revient. Après Cyrielle Martin, Sandra Escamez, c’est au tour d’Eloïse Dandoy d’épauler Olivier dans l’écriture et dans l’interprétation. L’autre nouveauté et l’arrivée de Frederic Oscar, le pendant masculin qui amène quelque chose de nouveau chez Cvantez.

Si le son de guitare n’a pas changé (je pense mon préféré avec celui de Rodolphe Burger), marque de fabrique à l’attraction indéfinissable, le chant est ici une arme vénéneuse et captivante. D’un côté Eloïse, entre Kim Gordon et une Courtney Love polissée et poignante, changeant de braquet, insufflant des directions nouvelles aux morceaux. De l’autre Frédéric, réincarnation moins carnassière de Mark E. Smith, dévergondant la musique de Cvantez ( Wonder Love / « Mountains » et son côté Bonnie and Clyde épatant), non pas que celle était lisse, mais elle n’avait pas l’envie de la sortie de route, préférant les arrêts pour la contemplation avant d’aborder un virage dangereux. Sur « A Smile to Reset, », il y a une forme d’excellence d’indie pop, de tentative réussie de s’extraire de la linéarité. en conservant ce qui fait que Cvantez est un groupe définitivement à part dans le paysage musical français, qui s’est construit au fil de ses quatre albums un chemin que personne ici n’a jamais été capable de prendre. Les onze titres sont autant de raison de continuer. Magistral et grisant.