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  • 11 janvier 2007 /
    Soso
    “Birthday Songs” (Hue)

    rédigé par Benoit
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Le canada, on ne le répètera jamais assez, est devenu ces dernières années la terre d’accueil de l’excellence musicale. On ne compte plus les disques qui atteignent à chaque fin d’année les tops de la presse spécialisée. Sans pour autant avoir la même exposition médiatique, le hip-hop canadien n’échappe pourtant pas à cette règle du bon goût et peut même se vanter d’être aujourd’hui aussi influent et inspiré que le pays, père fondateur du genre, qui lui fait face. Cependant si on pouvait labelliser les genres comme on labellise certains de nos breuvages favoris, ce hip-hop mériterait pour sûr une Appellation d’Origine Contrôlée tant il nous apparaît depuis l’éblouissant Vertex de Buck 65 singulièrement différent de ce qu’en général nous nommons hip-hop. En effet lorsqu’on regarde de plus près ce qui se fait au beau pays des caribous, il serait déjà de bon ton de redéfinir l’Idéal-type du b-boy. Au canada celui-ci peut être blanc, avoir comme modèle Johnny Cash, porter des chemises en laine en plus d’être à carreaux, détester le Moët, les Blunts, les putes aux fessiers rebondis et leur préférer le whisky sans âge, la clope sans filtre et les femmes sans seins, rapper comme d’autre chante du blues, écouter le Wu-Tang le pieds dans la boue, la canne à pêche dans une main, un livre de Burroughs dans l’autre, sentir la paille humide plutôt que le bitume froid et croire encore que sa musique à une âme. Ce type ainsi défini a aussi son genre : une sorte de folk-rap brumeux, un maître à la syllabe redondante : Soso, fondateur avec son pote poivre et sel Epic du label Clothes Horses Records, et son chef-d’œuvre caché : l’intrigant Birthday Songs. Sorti à l’origine en 2002, ce disque réédité récemment par les aventureux japonais de Hue est aussi simple et délicat que l’homme qui en est à l’origine. Un petit bijoux de rap lo-fi, mi-instrumental mi-chanté, sans fard et sans paillette, dont la noirceur lumineuse n’a pas pris une seule ride. Les beats y sont lents, pesants et métronomiques, les samples tous porteurs d’une mélancolie minimaliste, les instruments sortent des notes qui visent directement l’émoi (un piano cafardeux, une guitare fragile, un violoncelle fugitif, un harmonica presque mort) et les textes rares d’intelligence et de poésie touchent à des sujets souvent graves et personnels. Bref dans Birthday Songs c’est du songwriting hanté, rêche et tendu qui est à l’œuvre, prouvant une fois n’est pas coutume que le hip-hop peut être tout aussi poignant et sérieux qu’un bon vieux titre de Will Oldham.




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