Après avoir auparavant publiés deux albums de folk tranquille, Gravenhurst nous revient avec un excellent album aux visées plus larges. Au jeu de la métaphore, c’est la chenille folkeuse qui s’est transformée en un éblouissant papillon post-machin (post-rock, post-folk, …). Avec le titre "Down River", ce disque démarre dans un somptueux hommage à l’œuvre monumentale de Slint, le fabuleux Spiderland. Arpèges délicats, rythmique ralentie, voix effacée. Et puis une tension qui s’installe et grandit. Un éclair de guitare déchire l’espace, mais ce n’est qu’un avertissement. Le répit est de courte durée, l’orage électrique vient nous prendre dans ses bras. Cette évolution par rapport aux albums précédents était cependant annoncée à travers les concerts du groupe (cf. chronique du festival Primavera 2005). Dans le même esprit, le titre "Song From Under The Arches" en fin de parcours commence comme une complainte folk, avant que ne dévalent quelques coulées de guitares noisy. Sur la deuxième plage "The Velvet Cell", Gravenhurst montre qu’il sait aussi écrire un morceau power-pop (sans faire danser les filles pour autant), et c’est là que le rapprochement avec l’excellent groupe scandinave Logh est le plus visible. Mais bizarrement ce morceau est constitué de deux parties complètement indépendantes, la deuxième est un instrumental que n’aurait pas renié le Mogwai qui signait Rock Action. Le titre "Velvet Cell Reprise" est une version instrumentale de la première moitié, dans une ambiance proche de ce que fait Electrelane. Pour autant, Gravenhurst ne renie pas son passé et persiste dans le registre apaisé. "Animals" est une délicate ballade folk-pop, tout juste troublée à la fin par l’écho strident d’une guitare. Le titre "Cities Beneath The Sea" est aussi une ballade fort agréable, portée par une nappe d’orgue. C’est sur ces titres les plus calmes que l’on peut apprécier pleinement le chant doux et posé du leader Nick Talbot. Assurément un des meilleurs albums de cette année. A écouter absolument.