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Hasard (faut-il croire au hasard ?) ou pas je viens de revoir « Soleil Vert », film du début des années 70 qui préfigurait le futur, nous plongeant dans l’univers de 2022. Claque frontal à la justesse quasiment flippante, tant le film n’est pas loin de la réalité dans laquelle nous sommes en train de rentrer. Je parle de hasard, car cet album de Belvoir nous plonge dans ces dernières années, qui rendraient dépressif le moindre ado qui se dirait que le pire est encore à venir. Les auteurs de cette plongée anxiogène (vous serez accueilli par « Crier » comme l’enregistrement d’un survivant du monde d’avant devant le spectacle d’un Germinal mondial.) aux commandes ce projet ce ne sont pas des inconnus. Romain Vasset (Frànçois & The Atlas Mountains) et François Le Roux (Selen Peacock, programmateur avec le Collectif Pieg) qui, à l’instar du projet Vertiges (là aussi l’union de deux membres de groupes différents) nous dépeignent une société malade, même si chez Belvoir l’espoir (le « Matin » souhaité arrivera t’il ?) semble aussi palpable que la dignité chez les factieux puants des bras en l’air (Serpent).

L’album est centré sur les révoltes, marqués qu’ils furent certainement par les images des manifestations récentes, des soulèvements populaires. Une chanson comme « La rue des vaincu-e-s » qui outre son écriture inclusive est une mise en perspective des combats écrasées dans l’horreur. Une histoire maîtrisée au profit d’un présent où celle-ci ne résonne pas encore assez fort pour ne pas la noyer dans les inflammations épidermiques (La « Sécurité Globale » des Gavroche d’une Lutte qui ne devrait pas être uniquement ouvrière). La force du disque est aussi dans la suggestion fine, comme sur « Pavé » ou comment à l’instar d’Orelsan sur « Manifeste » dépeindre le moment où pendant une simple marche, la société, la vie pourrait basculer. Un instrumentale qui pourrait tout aussi bien être la marche forcée pour une mise à l’abri, ou l’urgence de la désolidarisation des différents éléments d’une chaussée devenant arme de défense. Les fumigènes dessinent des arabesques sur une rythmique quasiment martiale et à la limite du bout de course, ne s’essoufflant jamais au milieu de ce chaos. Disque tout aussi malade que la société peut l’être, « Nouvel Anormal » n’est pas que la photo d’un instant T, mais plutôt la peinture rouge sang sur un mur frappé par les contestations. Romain et François font à la fois leur révolution, sans jamais tourner autour d’un quelconque astre, envoyant la chanson et la pop sur une orbite à la célérité contrariée. La froidure d’un monde en fusion.




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