Si l’on considère que la période métro sexuelle est dépassée, car plombée par les chiffres de l’Oréal à la bourse, les mauvaises peaux, les teints aquilins, les points noirs et autres pustules blanchâtres et goulument garnies de saloperies répugnantes vont certainement refleurir dans nos vies. Fini le petit guichetier qui sentait bon le CK One et qui écoutait Mika pour ne pas faire peur à sa famille et ses voisins, les graisseux sont de retour. Les mains dans le cambouis plus que dans les papiers et les bains à l’orgeat, le garage rock fait sa réapparition avec des Black Lips en pleine forme, c’est à dire bien sale, bien crade. Brevète, ce son devrait l’être, si bien évidemment les écrits du Velvet underground étaient apocryphes. Les dents pourries, la gorge et le nez prient par une viscosité pas très fréquentable, surtout si vous êtes sous le même toit qu’un porcinet, les Black Lips avancent, cachant une nature beaucoup plus bienveillante sur leur cas qu’ils peuvent bien le laisser penser. « 200Million Thousand » qui est le cinquième album du groupe, porte tout à la fois une vraie attitude dilettante, mais aussi une vraie aspiration à signer des tubes comme ce « Let It Grow » positionné en tête de gondole dans une officine tenue par un ancien tenancier de train fantômes glauque. Empreint d’une religiosité contrarié, le groupe imagine un nouveau jésus, avant de nous confier, avec des rots de compléments et des bips de la censure, qu’il a vue dieu. Inutile de vous dire que Saint Pierre à fait son boulot de videur, et que nos furieux ne sont pas les bienvenues au paradis pour le moment. Bien heureux que nous sommes de garder au chaud ces mauvais garçon, car l’enfer est sur terre.