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  • 26 avril 2020 /
    Kim
    “Les sessions du carreau capturées par Cléa Vincent” (MK Label)

    rédigé par Piotr
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Chaque nouveau disque de Kim Giani génère chez le fan inconditionnel que je suis un sentiment d’excitation inévitablement mêlé d’une légère appréhension : qu’est-ce que ça va être cette fois ? Car l’individu est capable de tout. Voyageant de l’ambiant-kraut aux sonorités rétros (comme pour son dernier album en date Omnichordia) au rock steady en passant par le black métal britophone, Kim enchaîne les disques comme Macron les remerciements dans ses discours.

Celui-ci ne rentre pas dans la catégorie des disques « produits » tels que Blues De Geek Manifesto sorti en 2017, ou même Kim sings Daniel Johnston paru l’année dernière, sa cassette de reprises du pionner de l’anti-folk qu’il a eu la chance d’accompagner sur scène lors de sa tournée française il y a quelques années. Non, il s’agit d’une session enregistrée dans le studio de Cléa Vincent, fidèle et talentueuse acolyte qui l’accompagne régulièrement sur disque et sur scène depuis une dizaine d’année. Ce disque regroupe 12 morceaux au piano, improvisations ou réinterprétations (Solenn, le morceau en hommage à la fille de Patrick Poivre d’Arvor, initialement paru sur Radio Lee Doo en 2011).

On pourrait hâtivement le classer dans les sorties « mineures » de Kim, comme la session d’improvisations qu’il a enregistrée lors de sa résidence à la galerie du Pop Up l’année dernière. Mais ce disque reste pourtant important dans sa discographie pour au moins une raison : il s’agit du premier album où la langue privilégiée est le français. Kim m’a un jour avoué que ce que je prenais pour du dédain était en fait lié à une difficulté à apprivoiser sa langue maternelle, non pas dans l’écriture mais plus encore dans les mélodies et les sonorités. À tel point qu’en plus de 40 albums, je ne lui connaissais qu’une poignée de titres en français, dont Marche à l’amble avec Arnaud Le Gouëfflec et John Trap, ou L’attirance, sa reprise de Dominique A parue chez Équilibre Fragile ; morceaux difficiles à trouver d’ailleurs...

Une première donc, ces morceaux francophones dans sa pléthorique discographie, alors qu’il n’hésite pas à chanter en russe, en arabe, en breton, allant même jusqu’à reprendre l’intégralité de son album Blues de Geek Manifesto en italien. Ils ont été captés dans le cadre d’une session, à savoir joués et enregistrés « d’une traite », sans repiques ni retouches, interprétés par Kim seul, ou accompagné de Cléa aux chœurs ou au piano. Le chant est fragile, parfois un peu limite, comme sur ses premiers disques, et du coup on a l’impression qu’il est là, dans la pièce à côté, en train de répéter, d’écrire ou de s’amuser.

Les sessions du carreau capturées par Cléa Vincent est un album sans fioriture, une session spontanée, des mélodies pop efficaces et accrocheuses comme à son habitude, le français en plus.

« Les sessions du carreau ! La la la la... »

CONCERTS : Kim n’a pas de concert prévu compte tenu de l’actualité, pas contre il se propose de faire des concerts en webcam. Se rendre sur son blog pour plus d’infos ! (https://leblogdekim.blogspot.com/2020/03/concerts-webcam-prives.html)