La pochette de « Kill Martel Demo » - circa 2017 - était superbe (noir et blanc, des mecs et une meuf en slip qui se marrent) et celle de « Everybody knows Mickey », toujours en noir et blanc, photographie de Ian Graham, est encore plus cool ; un type en caleçon qui danse devant des vieux types comme moi dans un bar dont le carrelage et l’aspect vétuste rappellent les riches heures de Pierre Carré aux Noctambules, que je me flatte d’avoir écouté et rencontré : ce gars est une légende méritée, il avait le rock’n roll accroché aux tripes et, même quand il se produisait devant trois touristes japonais, il se donnait à fond, quitte à râler en coulisses et gémir sur son sort de mythe raté ou son cachet misérable.

Et donc, même si la plupart du temps je regarde à peine les pochettes de disques dont j’ai envie de parler – elles sont à 99 % du temps moches et n’évoquent pas grand-chose d’incisif –, concernant This Will Destroy Your Ears, forcément, au-delà de la promesse de me faire défoncer les oreilles – que j’ai par ailleurs déjà mortes puisque je suis acouphénique de longue date –, et de voir évoquer la médiocrité d’une certaine époque consumériste (de quel Mickey on parle ? Disney ? Rooney ? Rourke ?), j’étais excité à l’idée d’écouter le dernier album du trio d’Hossegor : après tout, qui oserait littéralement exprimer son souhait d’écrire une bonne chanson (« I Want To Write A Good Song »)

Boris Vian avait tenté de rationaliser, dans son moqueur « En avant la zizique », la composition d’une bonne chanson. Bah moi, je vous le donne en mille : de la rage, une scansion enfiévrée, des guitares orageuses et une section rythmique hantée. Climats enfiévrés, post punk noise à l’instar d’un élégant « Not A Love Song » que ne renierait pas Paul Banks ou poussées de colère mortuaires, avec « Everybody knows Mickey », This Will Destroy Your Ears met le curseur dans le rouge tout en se livrant sur la fin en un « Cutie » attachant à souhait, aux arpèges à fleur de peau, à l’image de leur nouvel album, complexe et direct, qui ne détruira évidemment que les oreilles éduquées à la soupe en boîte. Un album sûr pour des gars sûrs.