Berlin est à l’honneur sur ÀDA ces dernières semaines : après Brome, voici Odd Couple, qui comme son nom ne l’indique pas est un trio responsable d’un 3° album de rock psychédélique, énergique et efficace, teinté de références 80’s et dont les touches électro et le chant germanophone posent les fondations d’une personnalité propre qui pouvait manquer aux 2 premiers.

Le groupe revendique des bases stoner, dont l’influence fondatrice de Kyuss, qui semblent évidentes sur Yada Yada, le morceau titre de l’album, ou Vielfraß, avec certains riffs sabbathiens qui ne dénoteraient pas chez leurs voisins de Kadavar. Mais à l’instar de leur mentor Josh Homme, les berlinois se sont ouverts à d’autres horizons moins pesants et saturés, n’hésitant pas à enrichir leur socle rock’n’roll U.S. de rythmiques kraut (Bokeh 21, Fangdannan), de bidouillages électro (Stiff) et de nappes de synthé planantes (Gib Mir Das, Yada Yada), contrastant avec un phrasé germanique souvent scandé et monocorde, parfois limite martial.

Si le chant ne peut s’empêcher de générer dans mon esprit franchouillard un léger malaise, réminiscence d’une vétuste rivalité belliqueuse franco-germanique, il apporte une véritable plus- value originale au rock de Odd Couple en rajoutant un côté cold wave-rétro 80’s à l’ensemble (Robotik, Katta), même si il se révèle parfois un peu fragile et étrangement timide (Fangdannan, Yada Yada), son manque d’assurance plombant parfois l’intensité de certaines envolées psychédéliques.

Se faisant de moins en moins agressif et de plus en plus synthétique, l’album nous porte progressivement vers des ambiances plus légères, au fur et à mesure que le korg se fait plus présent aux dépens de la guitare saturée. Pourtant, la puissance électrique n’est jamais loin et revient régulièrement en conclusion de morceaux (Vielfraß, Katta, Robotik, Westend), comme pour rappeler que si les arborescences de la musique du trio bourgeonnent dans une atmosphère teutonne, froide et cosmique, ses racines puisent toujours une partie de leur énergie dans la lourdeur brulante du désert californien.

Odd Couple semble à un tournant de sa discographie, explorant krautrock, stoner, post-punk et electropop, mais paraissant encore hésiter entre tous ces univers et cherchant toujours son individualité propre et définitive. Si cet album de rock tudesque (à défaut d’être réellement tubesque) reste efficace, cohérent et finement produit, gageons à n’en pas douter que le prochain sera encore meilleur.

Le groupe est actuellement en tournée en Europe et sera à Paris le 7 avril à l’Olympic Café.