Shearwater tient son nom d’un oiseau exotique. Peu versé dans l’ornithologie, on ignore la couleur de son plumage. A l’écoute du magnifique Palo Santo on parierait pourtant pour du noir. La musique de ce qui perd désormais son caractère de simple side-project de Jonathan Meiburg et Will Sheff d’Okkervil River constituerait bien plus une excellente illustration sonore des écrits d’une Carson McCullers que ceux d’un Laurent Ruquier. Une fois encore artisan d’un onirisme infectieux, Shearwater se libère de toutes mesures de confinement -Meilburg en Hollis gothique ne semble avoir jamais aussi bien chanté et vole désormais de des propres ailes, signant la composition et l’écriture du disque entier- et picore librement les graines d’une pop nez au vent (" Seventy-Four, Seventy-Five "), d’un folk pour boîtes crâniennes (" Nobody ") ou d’un rock démembré (le fascinant " Read Sea, Black Sea " et son motif de clavier poitrinaire). Avec Palo Santo et après l’addictif Ep Thieves, Shearwater entame sa migration vers des sphères déjà atteintes par d’autres drôles d’oiseaux (Drake, Cohen, Chesnutt).