Combien pèsera ton cœur au moment des partances ? Quand l’âme s’en ira, au beau milieu des rituels, sera-t-il lourd comme la joie et la plénitude, la mémoire emplie de vies et les âges passés agrandir, sera-t-il léger comme l’air que quelqu’un a oublié de respirer, en passant a deux pas d’un rire, en baissant la tête quand elle passa dans sa robe fleurie, dans l’amnésie des tiens. Quel dieu te dira le poids exact, du moins celui qui sied aux paradis. Woth est un vieux rite égyptien, alors que s’embaumaient les corps, les organes séparés se pesaient pour donner une valeur a la vie vécue. La religion n’est qu’une première lecture, insipide, sans saveur ni plus d’importance que la personnelle, mais c’est là base de ce précieux écho des nouvelles croyances intimes, une manière tant particulière et belle de dieux de noms propres et prénoms simples, un disque aux sons de messes intérieures, profondes comme désespoir et lumineuses comme espoir. Pensé comme triptyque, à l’emblème du jardin des délices de Hieronymus Bosch, il trace en plusieurs actes les différents poids de nos cœurs, introspection sage et sans rage de nos folies et vices, bontés et amours. Trois chapitres d’une bible, d’un coran, d’un livre sans autre origine qu’un cœur, qui peut être trop lourd dans des sons électroniques, trop léger dans des orfèvreries fanfaronnes et baroques, ou d’un parfait équilibre entre l’âme et l’organique dans une voix divine dans son humanité. Liesa Van Der Aa est un de ces visages connus en Belgique (ici, en Ibérie, les stars qui se mettent a la chanson sont souvent des photos collées au micro avec moins d’art encore qu’un tondeur de pelouse de terrain de foot de troisième division, heureusement, les Belges ont l’oreille fine et la critique du bon gout comme classe obligatoire). Liesa est une croyante de la vie, farouche petit corps en mouvement perpétuel, de séries télé et web, théâtre, expositions artistiques, et musique, un ion en furie, une particule libre qui choisis aux humeur de son âme le sujet de ses travaux, sans s’embourber dans la même histoire une fois et encore, « troops » son précédent album, était une recherche sonique, expérimentant entre sa voix, violons, chœurs et pédales d’effets, dans ce nouvel héritage, un disque tout en muscle et rage, elle laisse ici parler l’esprit (saint) qui ronge ses doutes en s’appuyant sur les rites égyptiens et un monde entier de croyance, dans un travail plus intérieur, plus classique dans ses compositions. Plus onirique dans ses thèmes, libre de toutes étiquettes, un disque compact, entier, impossible de diviser, un tout puissant et profond, jouant entre le délicat et le cru, avec un plus d’intérêt qu’est découvrir la multitude de possibilité que possède la voix et les instruments quand ils ont pour thème le divin, et pour horizon, la mort et son après.