> Critiques > Labellisés



Depuis la fin des Thugs, la France cherche toujours le groupe qui passerait les frontières avec dignité, ajoutant de la valeur, plutôt que spéculant sur des fonds étrangers sur lesquels il pourra se préparer des jours heureux. L’acharnement que peuvent mettre en œuvre certains à vouloir prendre les sillons de Radiohead ou Arcade Fire, peut au final séduire, mais il reste toujours un arriere goût de lésythine, une texture de carton pate qui colle au palais. We Only Said n’est pas musicalement un héritier des Thugs, car si les angevins soignaient vos tympans à l’acide, We only Said provoque la mélancolie par la tension, soigne les plaies par les larmes, ouvre son cœur en le faisant physiquement. Pas dérangé par des influences évidentes (on pense à Tortoise ou au Calla de chez Talitres) le groupe surpasse ces évidences de l’expérience, faisant sonner autrement une ligne (écouter « Cheerful Girl » et se pâmer de plaisir), posant des mots comme on pose un domino avant la grande cascade, avec une précaution ultime. Mesurés à l’extrême, les morceaux sont bâtis sur un support mélodique qui n’a d’égale que les recherches sonores qui l’accompagne. Comme les Thugs, le groupe semble en retrait de sa musique, l’important étant le son et non l’attitude. Les membres tiennent la charpentes, reprenant souvent en chœur les chansons, avec une application, entre souffrance et fierté dénuée totalement d’arrogance. Confirmant des démos impressionnantes, We only Said place son spleen sur une bâtisse imprenable. A découvrir absolument