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Pour cuire un steak, pas besoin de matière grasse ni de poivre et de sel ou de ces saloperies d’herbes de Provence, vous attendez que la poêle soit à la bonne température et vous saisissez à vif la viande jusqu’à ce qu’elle crépite, c’est l’affaire d’une ou deux minutes, le cœur n’en sera que plus saignant et les saveurs vous exploseront en bouche : il en va de même pour les compositions d’Ali Veejay qui, en cinq chansons a cappella à la concision désarmante, vous propose un condensé de sensations minimalistes et néanmoins addictives - « Giant Heart », son dernier EP, est si court qu’il vous laissera un goût intense de revenez-y.

« Giant Heart », dont le visuel réconfortant est signé Romano Krang, fait suite à un premier album éponyme paru au printemps dernier sur le label Dora Dorovitch, qui mérite carrément le détour – à mon sens un must listen de l’année. Dans une impasse professionnelle, son auteur a choisi d’utiliser la musique comme un exutoire, en se concentrant sur le chant – voix de tête émouvante, à la lisière de la justesse mais jamais fausse, équilibre délicat et assumé avec talent -–, appuyé par des claquements de doigts et des coups de poing martelés sur le thorax, comme un gorille pop et solitaire. Le corps est un instrument comme un autre et puis, quand tout va mal, quoi de meilleur que la voix pour exprimer son désarroi ? Enregistré avec l’aide de Benoît Giberteau (Lysistrata), cet étonnant EP est une délicate mise en bouche entrainante et décomplexée, caressante à l’oreille et douce au cœur, qui se termine sur des sifflements que ne renierait pas un Andrew Bird, pour un « When you’re working » très actuel, quand on sait à quel point le rapport au travail a changé. Ali Veejay préfère mettre son énergie dans la musique et rien que pour ça, on remerciera son ex-patron.




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