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Slowcore, emocore,no-wave,Cold Wave... Autant d’étiquettes qui veulent à la fois affirmer quelque chose et finalement pas grand chose. Si je vous dis Low, Spokane, Logh, Bedhead, The New Year, là, tout de suite, je vois votre regard changer.

Je gagne votre attention. Pourtant, elle est bien trop volatile cette vertu car sans doute bien trop sollicitée, trop gaspillée, trop dispersée à l’écoute de tel ou tel copiste peu ou prou appliqué.

Qu’on le veuille ou non, une copie reste une copie.

Certes, on ne peut s’affranchir de ses influences, certes on peut les frelater, les enjoliver, endormir notre esprit critique à coup d’effets de manche habiles.

Comment obtenir la recette idéale qui nous permet d’être soi sans fixer son regard dans le rétroviseur ?

Comment être soi sans être passéiste ? Comment creuser un sillon déjà malmené ?

Les rennais de We Only Said l’ont bien compris avec ce "Boring Pools" et ses constructions longues en bouche, savantes.

D’ailleurs construction, est-ce bien le terme tant la place donnée à la dérive semble prégnante dans ces milliers de petits mondes que composent ces neuf titres.

On pensera parfois à la mélancolie acharnée de Windsor For The Derby ("(Along All) Boring Pools"). Certains d’entre vous croiront reconnaître parfois la musicalité rugueuse et presqu’austère de Trunks, autre projet de Stéphane Fromentin et Florian Marzano également à l’oeuvre ici.

Quelque part dans ces neuf titres se terre une rage sourde que l’on sent prête à jaillir mais qui reste en dedans, à l’intérieur comme toujours au bord de l’implosion ("Get Out Freakie"). Une impression fugace mais persistante de traverser des cercles toujours plus étroits et de finir par se retrouver au milieu d’un tout petit espace qui nous contraint et nous oppresse.

Ici, nul volonté de plaire, se désagréger dans un ennui bienvenue... Chez We Only Said, il y a quelque chose d’utérin, de poisseux, de grave ("Killing For A Job").

Pourtant l’ennui est une vertu aujourd’hui méprisée, galvaudée car injustement perçu comme quelque chose d’inconfortable. Pourtant par ennui, nous pouvons entendre vous savez ce sentiment paradoxal de mise en danger, de perturbation, de mise aux fossés de nos certitudes.

Il y a aussi ce sentiment de continuité au fur et à mesure de ces neuf titres, de cohérence, de progression, de marche forcée vers on ne sait quoi. Partir de la sécheresse de la poussière pour finir envahi par un froid qui dilate tout notre être.

De l’ennui, il est question ici mais de ces ennuis stimulants et nécessaires...