Jean Louis a que l’on ne taxera jamais d’homme du consensus mou, chantait sur son grandiose Mustango, un viva Calexico, qu’il rechignera à assumer quand le groupe de Tucson lui fera faux bon pour des représentations parisiennes à la résonnance toujours particulière. Nous ne chantions plus non plus ce titre à l’écoute du dernier album, le très surestimé « garden ruin », qui faisait du groupe un arbre plus politique qu’épicé, une presque une mascarade dans une voiture anglaise, sans un gramme de poussière du désert de l’Arizona. Pas un hasard ce « garden ruin » sera le seul disque du groupe à abandonner la police de son nom au profit d’un Calexico timide sur une aquarelle sans vie. De retour avec Carried to dust, Calexico a décidé de reprendre les fondamentaux, le soleil, la mélancolie, la palpation du désert comme une source d’inspiration infini, car l’horizon est une frontière du non retour pour ses douaniers. « Carried to dust » est avant tout le disque de Joe Burns, le disque par lequel il ne fait aucun doute, ce garçon est une merveille de chanteur (« the news about william » en est l’exemple même) sa couleur de voix faisant rejaillir une lumière forte sans être agressive. Porté par le souffle de ce chant que l’on a trop tendance à passer sous silence, le groupe retrouve souplesse et plaisir des violons pleureurs, mais aussi rythme imparable le tout ourlé de guitares (« writer’s minor Holiday » / « bend to the road ») tonique et au diapason, comme si Calexico avait écouté le dernier Bashung et l’avait trouvé tout simplement très bon. Si l’on excepte les coquetteries grossières façon Buena Vista Social Club (« inspiracion ») ce nouvel album regorge de perles écrasées par le soleil (« man made lake »), des chansons qui doivent autant à la géographie qu’à Chet Baker, qu’à l’amour, qu’à la vie, qu’à la diaspora mexicaine, qu’à la beauté des choses et qu’au chaos des sentiments. Viva viva Calexico.