Il y a plus de quinze ans, Mark hollis, faisait pousser des arbres aux fruits étranges, laissant l’imaginaire faire sa mue autour d’un noyau. On attendait depuis longtemps des pousses venant de cette culture. Il y a Bed, pour le plus proche de nous, il y aura Immune pour l’actualité. Après pas mal de démos et un premier album réussi, les lyonnais nous reviennent avec un album nourri de ces fruits offerts, mais jamais goutés. « No until morning » c’est le bruit de la poussée d’une plante, son déploiement et sa floraison. Sur ce nouvel album les mots n’ont pas la part belle, ils sont l’ornement, laissant à dire plus qu’ils discourussent. C’est par le chant qu’une teinte recouvrira les feuillages, une teinte sépia. La voix de Gary pourrait sortir d’un film de Murnau, si la filmographie du maitre n’était pas muette. D’un autre âge, d’un autre temps, le futur ayant trouvé ici la clef des abysses, « not until morning » laisse une brume éviter la contemplation, pour une écoute dynamique et perplexe de ces morceaux où l’acoustique se laisse prendre au jeux de la dérivation. La structure de ces chansons n’est pas en admiration d’elle même comme dans pas mal de production aventureuse, ici le beau est recherché, l’harmonie comme réclamée. Un pas de géant avec la souplesse d’une plume. Magnifique.