Humilité, retenue, et bien d’autres sentiments face à l’un des plus beau voyage, mais aussi des plus noirs de la chanson d’ici. Fantaisie militaire asseyait Bashung sur un trône disputé. Après l’imprudence le trône est libre, avec ses quatre pieds touchant le sol. Bashung lui est ailleurs, au-dessus de tout, flottant dans un halo, où toutes les règles connues sur la musique sont explosées, délibérément oubliées, pour mieux reconstruire en toute imprudence. Le silence est à nouveau dominant, la respiration nécessaire, les sons variés en évitant la consanguinité, rendant le résultat pur mais perclus d’accidents. L’imprudence, et son générique impeccable (même miossec y oublie son personnage, pour un faisons envie d’une beauté insoupçonnable chez le breton) est tout sauf une superproduction hollywoodienne. Chacun avance à pas de velours, militant pour la recherche du beau. Bashung, porté en lévitation, y chante comme jamais, même quand il récite du Desnos, sur un jamais d’autre que toi déjà mythique. Par ce disque il quitte les mortels, rangeant ses souvenirs vivaces dans l’eau verte de fantaisie militaire. Mais que faire face à un disque risqué, voir irresponsable pour cette époque du futile et du clinquant. Qu’espérer d’un disque, qui sous son habit baroque, appelle au désordre, au chaos (intérieur ?), à la désobéissance, au refus du moment écrit. La destinée y est démantelée. Le passé est tout sauf un futur en décomposition, les temps sont obsolètes et même incongrues que l’on avance ou non. Jamais, vraiment plus jamais nous dirons jamais, l’imprudence nous l’interdira comme elle interdira d’être mort. Véritable hymne à la vie en noir et….noir, l’imprudence ne masque pas notre chute inévitable. IL la transcende pour en faire un acte passé, c’est-à-dire présent mais aussi futur !. Bashung n’est plus de notre monde, il ne tien qu’a nous de la rejoindre sans peur au ventre, en totale imprudence. Chef-d’oeuvre.