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  • 3 mars 2008 /
    Alain Bashung
    “bleu pétrole”

    rédigé par gdo
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L’une des questions existentielles les plus importantes, pour la chanson française, c’est comment Alain Bashung allait pouvoir se remettre de l’imprudence, comment allait-il nous revenir de ce voyage quasi en solitaire. Disque sublime, mais aussi tombeau des âmes, l’imprudence est un disque monolithe une vraie station de laquelle il sera difficile de repartir. Et pourtant, Alain Bashung est un guerrier fantaisiste, qui a su rebondir, car Bleu pétrole n’est pas une résurrection dans le sens ou l’imprudence marquait une fin, mais dans un sens d’élévation. Bleu pétrole est comme un ping pong de fantaisie militaire, un album similaire qui aurait troqué sa vision européenne pour une musique des hautes plaines. Exit Miossec, exit Dominique A, mais surtout exit Jean Fauque, Bashung avait besoin de chanter les mots d’un autre. L’autre surprise viendra donc de la présence de Gaetan Roussel comme grand ordonateur de ce disque. Autre surprise le retour de Manset (épaulé par Arman Melies croisé le temps d’une résidence la cité de la musique sur le magnifique, et imprudent Vénus) le temps d’un comme un légo, pic monstrueux de l’album, chanson-roman qui n’a pas d’égale. Sur ce jeux de construction, Bashung y déborde d’une tristesse frisant le malaise. En son début, Bashung reprend les choses là où il les avait laissé une nuit de mensonge. Je t’ai manqué, le polémique Résident de la République (Bashung s’implique avec classe) tant de nuits forment une trilogie implaccable, orné d’un tube improbable (hier à sousse), titre à la simplicité qui n’est que de facade. Que dire des reprises comme celle de Leonard Cohen et de Manset, que dire quand Suzanne trouve un accent français, que dire de je tuerai la pianiste de sur un trapéze ou encore du secret des banquises, qui forment une seconde partie moins direct mais plus aventureuse et riche que la première. Bleu pétrole est donc un chef d’oeuvre de plus dans la discographie du grand Alain, un immortel imprudent, un interprête qui ne couche pas les mots sur le papier, mais semble guider la main de ses auteurs. S’il n’en restait qu’un ce serait celui-ci. Immense.