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Après une campagne présidentielle ratée et un zéro SDF naïvement proposé c’est au tour de Piano Magic d’offrir une maison aux écrivains sans maison. C’est donc une vraie auberge espagnole que nous sommes voyeurs, simplement tenus de ne pas faire de bruit et de laisser vivre sans anicroche ses nouveaux occupants. Après une intro à peine perceptible, Piano Magic se fait bruyant et brillant, allongeant les cris de guitare pour mieux descendre l’escalier de l’hôtel, de la face sombre à la face lumineuse. Le groupe en enfermant les autres dans son antre se libère et lache une énergie cinétique. Avec Postal, comptine triste sur le thème de la base d’écriture, nous sommes très proches des travaux d’Hector Zazou sur Rimbaud. Puis les locataires décident de prendre le pouvoir en la personne de Tarwater, qui s’avance avec sa sensualité froide pour dynamiter la chaudière des lieux. L’encre se fige les plumes se font dures. C’est le froid qui domine, et alors que l’orage gronde on se confond en roucoulade (the season is long) comme les tindersticks nouvelle formule jouée avec le frein à main. Et très vite on touche au grandiose via une sublime adaptation de la pensée de Bjork (certainly) à de fin terrestre. Mais une fée désabusée reste une fée. Alors que les volutes partent en fumée (crown of the lost) tortoise croise une bjork (Décidément) discrète (donc pas la vraie !) et une poésie (fine et gracieuse en français. Splendide. Et tout le monde se lache, nous sautant aux oreilles alors que tout devient flou, excepté la beauté martiale de ce all ready gosts. Et comme une boucle, c’est un retour au dernier LP du groupe et de cette passion, celle des tranchées, les biens crades pour en faire une ode timide et calme, comme ce lieu magique qui exposé au grand jour fera sans doute porte ouverte et deviendra ce que this mortal coil était au début des 90’s. Piano Magic multiplie ses touches.