En plus de quinze ans il est fou de constater que la Russie soit passée de l’image de politicien austère aux costumes griffés Tati, à celle de jeune milliardaire claquant l’argent qu’un physicien de dniepopetrovsk n’aurait pas pu amasser en cent mille vies. An Indie Winter In Saint Petersburg va elle changer la vision que nous avions de la musique de nos cousins de chez Brejnev et Oleg Blokhine. Restés que nous sommes à la musique militaire, à Yvan Rebrov ou au hard rock contestataire du régime communiste hautement démocratique, et partageur, l’écoute de ce que les enfants de Lenine font de leur pulsion est un choc aussi brutal que les lectures répétées d’un discours de Georges Marchais à la lumière des livres d’histoire d’aujourd’hui. De ce panel que l’on pense représentatif de la musique du pays de pelouse marron nous retiendrons Hot Zex qui nous fera patienter en attendant le retour improbable des Notwist. Avec Marschak on se surprendra à écouter du russe sans s’en étonner. Cure et consort comme une ligne de départ de la poursuite. On se pâmera face au post rock somptueux de Silence kit. On aimera Movie & Relcy et cette pop rock à donner des complexes à nos amis d’outre Manche, avec le brin d’exotisme de la langue qui rend le morceau indispensable pour partir du bon pied. Si nous mettons de côté le discours de Ptvp duquel nous sommes hermétique, ce morceau rend ses actes soniques comme des respirations après la diatribe, avec un gimmick pour raccrocher tout cela. Echo is your love nous fera sourire de cette fulgurance, en anglais rien ne ressemble plus à un groupe anglais qu’un groupe russe. Le chat éthylique de Ankylym laissera sa monnaie au passé, le gonzales local (broken sound) nous fera son show alors que Gap3 & technique et Klever et leur mélange, des styles et des cultures, éclatent les frontières de nos têtes. La future tendance ? Ne mettons pas quinze ans à nous mettre à l’heure.