When life gives you lemons, make lemonade ! Tel est le credo acidulé de la marseillaise Vinscat, dont le premier EP, enregistré au Tambourine Studio à Malmö, fera tout autant office de carte de visite – même si scéniquement, accompagnée par Chloé Rebeiro (guitare), Florent Moricard (basse, moog) et Jonathan Chambel (batterie), la chanteuse phocéenne, ayant donné des concerts en Suède et en Angleterre, n’est plus une newbie, loin de là – que de viatique, les cinq compositions de Limoncello plongeant leurs racines dans l’indie pop ou le hip hop, sonnant comme un hymne à la spontanéité. Forte d’un cursus au conservatoire d’Aix-en-Provence, ainsi que d’une formation au BIMM Institute de Londres, Vinscat fait preuve d’un éclectisme certain lorsqu’elle évoque les influences qui, en musique, guident ses pas, de Lauryn Hill à Arctic Monkeys, en passant par Ella Fitzgerald et Jack Johnson. Groovy, feutré, cultivé, Suffocate Me, paré d’arrangements minimalistes et néanmoins inventifs (les guitares étouffées, le final en trompe-l’œil), offre au chant clair, souple et mélodieux de Vinscat un écrin tout à fait lumineux. En anglais et en français (la profession de foi Jirejuskobou, rap sensible), les cinq compositions de Limoncello, accessibles et néanmoins fines, ni trop ni trop peu, aucun effet de manche ni chanson bouche-trou, parfois sur le fil du rasoir, à l’instar du chaloupé My Crew, séduisent et posent question : à production égale, à qualité égale, à musicalité égale, une Vinscat américaine bénéficierait en France d’une attention pour laquelle la Vinscat française va devoir castagner, mais comme elle l’exprime si bien : elle ira jusqu’au bout. Et nous, on sera là pour compter les point(g)s.