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Au delà des paysages dévastés de l’Ouest Américain, des cabanes chancelantes, des cimetières abandonnés, Jim Younger’s Spirit s’est réfugié dans un no man’s land, à la croisée des fantômes du passé avec les vestiges du présent. Lancés comme un cheval et un envol d’oiseaux blessés, le groupe raconte les destins ravagés, naviguant parmi les terres ancestrales, un pont entre deux mondes.

« On ne tue pas le temps sans blesser l’éternité ». Henry David Thoreau. La conscience de notre temporalité pourrait nous affranchir des sempiternels poncifs que nos philosophes contemporains rabâchent alors que cette évidence nous est désormais familière, nous vivons aux côtés de la mort, et le point de bascule tient à l’équilibre d’un fil ténu. Notre plus grande obsession est de chercher à reconstruire autour de nous une société fictive et à enterrer les générations précédentes. Jim Younger’s Spirit ne rend pas seulement hommage aux ancêtres disparus, ni uniquement au gangster du même nom dont la renommée est liée à Jesse James. Non, le groupe nous propose une lente immersion en terre indienne, dans un décorum proche de la ruée vers l’or initiée par Conrad Reed. Période maudite marquée au fer rouge par l’esclavage, on en vient en fermant les yeux, à visionner les images suggérées par le groupe, avant que se révèlent les titres « Termination » et « Horses » qui méritent qu’on leur déroule le tapis rouge. Mais il vous faut revenir aux débuts même du groupe, en 2012 et plus précisément avec des titres comme Restless issu de « Watonwan River » ou encore Bloody Deeds avec Alex Maas des Black Angels. Si vous prenez le temps d’écouter toute la discographie de Jim Younger’s Spirit, la boucle est bouclée. Non seulement, vous vous rendrez compte que vous êtes passé à côté d’un groupe majeur de la scène indépendante, mais surtout, vous apprécierez les lames de fuzz qui se greffent et coupent toute monotonie qu’on pourrait prêter à la musique "lente", la voix de Polar Younger venant combler ce plaisir inhabituel. Sur Termination, c’est Rauky Hermann ( SONIC ASSASSIN) qui pose sa voix granuleuse.

Beaucoup de gens ignorent qu’il est bien difficile de pouvoir tenir un tempo, de tisser des mélodies, et d’étendre à l’infini l’imaginaire. On ne peut que vous conseiller d’aller voir Jim Younger’s Spirit sur scène, notamment le 20 septembre sur Marseille et le 21 octobre au Supersonic à Paris.




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