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Déjà le huitième opus pour Sarah Mary Chadwick, multi-instrumentiste, compositrice, chanteuse et artiste visuelle nouvelle-Zélandaise mais vivant à Melbourne. Attention, ça met les poils !

Sous la production inspirée de Tony Espie, Sarah Mary Chadwick s’agrippe à son piano comme à une bouée dans un océan hostile, pour interpréter, dans une écriture poignante, des textes aux allures de récits dramatiques. L’intonation de sa voix - parfois à la limite de la déchirure - révèle une sincérité désarmante qui ne peut que bouleverser même les cœurs les plus endurcis.

Au-delà de cette sensation latente de tristesse que l’on retrouve depuis maintenant longtemps dans les albums de la compositrice, on ressent les difficultés de l’autrice à gérer le monde comme si celui-ci n’était en fait qu’un terrain de jeu miné par plaisir par un vicieux diablotin. Car oui, Il est toujours facile de railler la philosophie du verre à moitié vide quand tout vous sourit. Mais face aux décès, et encore aux décès, puis à une rupture amoureuse destructrice, l’univers se met à pencher, le sol devient glissant, puis le chaos s’installe.

Chadwick est de ces autrices singulières, à la sensibilité exacerbée : spectatrice des moindres détails de l’émotion humaine, elle décrit de manière impitoyable, brutale mais aussi parfois charmante l’âme humaine et nous partage cette vision.

« Shitty Town », le premier single de l’album de Chadwick, est un exemple frappant de cet état à la fois mélancolique et destroy, egocentrique et attachant. Accompagnée à la flûte par son collaborateur de longue date Hank Clifton-Williamson, Chadwick chante d’une voix érayée et bouleversante une rupture toxique avec ce mélange habituel d’intime, de poésie et de grossièretés : « Tu m’as laissé veuve dans ma vie/Sauf pas une veuve, tu es en vie/Avec ta voiture de merde/Et cette ville de merde/Dormir avec des filles de merde/Parce qu’elles sont partout ».

« Mon histoire est fastidieuse mais c’est la mienne », chante-t-elle dans un hurlement.

Pour peaufiner et habiter ces chansons, Chadwick a effectué une résidence d’un an au Avalon Bar à Melbourne. Elle jouait avec Clifton-Williamson tous les mercredis soir gratuitement, soit une cinquantaine de spectacles. Cela lui a donné l’occasion de partager et de vivre les chansons qu’elle écrivait.

La pochette aux douces tonalités aquarelle de ce nouveau disque, encore une fois crée par Sarah Mary Chadwick, propose un nouvel autoportrait. Mais alors qu’auparavant elle se mettait en scène seule, elle se représente ici entourée d’un groupe qui l’encercle voire qui la soutient autour d’un clavier de piano. « Je ne regarde toujours pas la paix, mais je suis néanmoins entouré de monde. » Ce n’est pas encore un message joyeux mais cela laisse une porte ouverte vers plus d’optimisme.

Cet enregistrement présage-t-il d’un changement ? Il faudra attendre le prochain disque pour le savoir.




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