Partant de l’idée que je n’allais pas m’attarder sur ce qui pourrait sembler être une conceptualisation de cette musique, j’ai sauté direct sur mon lit, me suis recouvert d’une couette chaude, et fait de cette bedroom pop la responsable de mon bien-être du moment. Cette mixtape (je ne comprends toujours pas la différence avec un album, mais c’est mon âge.) me plongea dans un univers bien défini. On y retrouve certaines obsessions de Bjork (eyelid), la même tentative de pousser vers l’incongrue sans jamais déborder comme pouvait le faire Kate Bush, et plus que tout, la même aspiration à une musique éclatant sans rien casser ou fissurer, de Boards of Canada. Souvent très inspiré, voir carrément génial (zombies from jupiter), le disque semble vouloir nous faire rêver au milieu d’un terrain pourtant peuplé d’une forme de pesanteur (les photos intérieures nous montrent Crenoka arpentant nonchalamment un cimetière.). Et c’est en écoutant de plus en plus fortement « Compromised » que j’évacuais d’un geste brusque ma couette, me mettant à rêver d’une danse au bras de Lana Del Rey sur les cendres encore fumantes d’un produit inflammable produit par Massive Attack.

Dans un univers autre (et par les temps obscurs que nous traversons, cela fait du bien), « Earth Capsules » propose une musique accueillante et jamais assommante, se coupant des longueurs possibles, sachant tout autant nous filer le frisson comme un morceau de Mazzy Star à la bougie (Pray) que signer un tube aux sonorités multiples, faisant du globe une cours de récréation pour ses aspirations (Cinderella).

C’est donc un très bon disque avec lequel nous avons le droit de passer bien plus qu’une nuit, une mixtape donc, pour mettre de l’amour dans les fissures de la guerre. Épatant.